Malgré la forte activité dans la construction résidentielle et les investissements soutenus des entreprises, l'expansion réelle de l'économie canadienne a été contenue à 1,9% en rythme annualisé, au premier trimestre.

Cette avancée modeste est la même que celle de l'automne, a indiqué Statistique Canada hier. Elle égale aussi celle des États-Unis et de l'Allemagne durant l'hiver. En un an, l'économie canadienne a progressé de 1,8%.

Sur une base industrielle, le Produit intérieur brut (PIB) réel a avancé de 0,1% seulement en mars, après un recul de 0,2% en février et une stagnation en janvier, ce qui a donné bien peu d'élan pour amorcer le deuxième trimestre. C'est avant tout le deuxième recul d'affilée de l'exploitation pétrolière et gazière qui a contenu l'expansion durant le mois. «Le faible point de départ de mars signifie que le deuxième trimestre ne sera guère brillant non plus, prédit Krishen Rangasamy, économiste à la Banque Nationale. Nous ne serions pas étonnés de voir qu'une troisième fois de suite, la hausse du PIB ne franchit pas la barre des 2%.»

Si tel est le cas, ce sera bien inférieur au scénario d'avril de la Banque du Canada qui misait sur une expansion de 2,5% durant l'hiver et le printemps. «Nous ne pensons pas pour autant que l'équipe de Mark Carney tremble dans ses culottes. Si on exclut le recul du secteur des ressources, la croissance aurait été d'environ 2,4%, soit bien près des perspectives de la Banque», fait remarquer Emanuela Enenajor, économiste à la CIBC.

Le deuxième trimestre a commencé avec une forte création d'emplois et beaucoup de mises en chantier. Il se termine cependant sur un ralentissement marqué de l'économie américaine, une plongée en récession de l'Europe et une décélération de l'expansion des économies émergentes.

Les exportations canadiennes pourraient en pâtir, elles qui ont déjà retranché 0,6% à l'expansion du premier trimestre car la progression des importations a été beaucoup plus rapide que nos ventes à l'étranger.

Ce repli, jumelé aux politiques d'austérité d'Ottawa et des provinces qui ont retranché 1,7 point de pourcentage à l'expansion, a été en partie compensé par un bond surprise de la valeur des stocks, lequel a ajouté l'équivalent d'un point de pourcentage à l'expansion.

Certains experts y voient une inquiétude pour le trimestre en cours, car ils parient sur un déstockage. D'autres y voient plutôt le reflet d'une augmentation des commandes en carnet.

Chose certaine, le secteur manufacturier a bien fait au cours du trimestre.

En revanche, l'endettement élevé des ménages a pesé sur leur consommation qui a crû d'à peine 0,9%, soit presque quatre fois moins que durant l'automne. Le taux d'épargne a d'ailleurs fondu à 2,9%, le plus faible en cinq ans.

La demande intérieure finale, qui englobe la consommation, les investissements, le logement et les dépenses des gouvernements, a progressé de 1,3% seulement, marquant un cinquième recul d'affilée. Le revenu intérieur brut réel, qui permet de mesurer les variations du pouvoir d'achat, a progressé de 1,2% seulement, en bonne partie à cause d'une détérioration des termes de l'échange. Autrement dit, les prix des biens importés ont augmenté plus vite que ceux de nos exportations.

Cette tendance va se poursuivre avec les replis des prix des biens de base qui reflètent le ralentissement mondial de l'activité économique. Exprimé en dollars courants, le PIB nominal a progressé de 2,5% au premier trimestre, contre 6% durant l'automne, ce qui est une mauvaise nouvelle pour les ministres des Finances. Le PIB nominal est une mesure de l'assiette fiscale et il avait chuté abruptement durant la dernière récession.