Pour le cinquième mois en un semestre, la valeur et les volumes des ventes des manufacturiers canadiens ont augmenté en décembre. Toutefois, la hausse a été bien inférieure aux prévisions, en raison d'un repli surprenant des ventes de dérivés du pétrole et du charbon.

En outre, la valeur des nouvelles commandes obtenues est en baisse de 2,8%, a rapporté hier Statistique Canada.

Exprimée en dollars d'aujourd'hui, la valeur des ventes a progressé de 0,6%, soit moins du tiers du gain escompté. Les augmentations ont été concentrées dans les biens durables, à l'exception du segment des machines et de l'équipement.

Les manufacturiers du Québec et de l'Ontario se sont partagé le gâteau avec des hausses de 2,3% et de 2,1%, tandis que ceux des provinces atlantiques, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique ont encaissé des replis.

L'agence fédérale précise que 7 des 21 industries manufacturières ont désormais retrouvé leur niveau d'octobre 2008, mois qui marquait l'entrée du Canada en récession, mais pas du tout un sommet. Parmi elles, on retrouve le matériel de transport, les aliments, les machines et les dérivés du pétrole et du charbon.

Ce dernier segment connaît cependant des ratés depuis quelques mois. On a d'ailleurs appris cette semaine que deux usines de préraffinage de sables bitumineux du nord de l'Alberta interrompent leur production de quelque 100 000 barils par jour d'ici la mi-mars en raison de difficultés techniques impromptues.

Au Québec, la hausse est avant tout le résultat d'une poussée des ventes de matériel de transport, dans le segment aéronautique en particulier. Toutefois, précise Hélène Bégin, économiste principale chez Desjardins, le secteur manufacturier est loin d'avoir retrouvé son niveau de l'été 2008. «La récession a fait chuter ses ventes de 30% et on a jusqu'ici récupéré 22 points de pourcentage sur 30», calcule-t-elle.

Pour l'ensemble de 2011, les ventes des fabricants canadiens ont progressé de 7,8%, soit un point de pourcentage de moins qu'en 2010.

Les résultats de décembre à l'échelle canadienne ne se sont pas forcément traduits par une augmentation proportionnelle de la production en usines, même si les volumes vendus ont augmenté de 1,2%.

Pour la première fois en 15 mois, le niveau des stocks a diminué. Le repli significatif de 0,9% a ramené de 1,31 à 1,29 le rapport des stocks aux ventes.

Règle générale, pareille baisse peut être de bon augure, car on présume que les entreprises devront se remettre à produire pour remplir leurs commandes en carnet ou leurs nouvelles commandes. Toutefois, ces deux types de demande étaient à la baisse en décembre. Et si on exclut l'industrie automobile, la baisse des nouvelles commandes atteint 3,6%.

«Dans les deux cas, la baisse est en partie attribuable à l'industrie aérospatiale», note Dina Cover, économiste chez TD. Ce n'est pas bon signe pour le Québec.

Heureusement, l'économie américaine va mieux, ce qui pourrait nourrir la demande pour certains biens.

Les entreprises devront toutefois réaliser des gains de productivité, car les coûts unitaires de main-d'oeuvre augmentent beaucoup plus vite de ce côté-ci de la frontière.

«La main-d'oeuvre canadienne a un grand défi de compétitivité vis-à-vis de certains secteurs industriels américains comme le manufacturier, le tourisme et même certaines ressources», prévient Douglas Porter, économiste en chef désigné chez BMO Marchés des capitaux.