L'économie canadienne est-elle actuellement en récession? Une majorité de Canadiens le pense. Les données et les économistes disent l'inverse.

Selon le sondeur Michael Marzolini, de Pollara, 70% des Canadiens estiment que le mot récession s'applique à la situation économique actuelle, et autant croient que le ralentissement économique va durer pendant au moins une année de plus.

Les économistes et les décideurs politiques ne partagent cependant pas cette opinion. Ils affirment que la récession a officiellement pris fin il y a deux ans et demi, durant l'été de 2009. Depuis, l'économie connaît une croissance stable, exception faite d'une brève période au cours du deuxième trimestre de 2011.

Les chiffrent ne mentent pas, dit-on. Il se passe rarement un jour sans que le premier ministre Stephen Harper et son ministre des Finances, Jim Flaherty - entre autres ministres du gouvernement fédéral -, ne rappellent le fait que le Canada a créé plus de 600 000 nouveaux emplois depuis le période de creux, soit davantage que les quelque 400 000 qui ont été perdus.

Dans ce cas, pourquoi les Canadiens ont-ils une vision si négative des choses? Selon toute vraisemblance, leur perception de ce qu'est une récession est différente de celle des économistes. Et si les chiffres peuvent être un reflet de la réalité, ils peuvent également être trompeurs.

Aux yeux des spécialistes, une récession survient lorsque le produit intérieur brut (PIB) ajusté en fonction de l'inflation chute pendant deux trimestres de suite. Cela est arrivé lors du quatrième trimestre de 2008 et des deux premiers de 2009, soit un repli de neuf mois.

Mais le PIB réel ne dit pas tout, et même pas l'essentiel au sujet de la santé d'une économie.

Le PIB réel s'ajuste à l'inflation, mais pas à la population. Cela signifie que l'économie d'un pays ne peut croître uniquement parce que la population augmente, et la population du Canada augmente d'environ un pour cent par année. À titre de comparaison, les résidants d'un pays comme le Japon dont la population décline deviennent plus riches même quand leur économie ne progresse pas.

L'une des données les plus véhiculées par les politiciens est celle voulant que le Canada soit retombé sur ses pattes en matière d'emploi.

Le sondage de Pollara montre que les Canadiens n'y croient pas. Chaque semaine, ils lisent au sujet d'usines qui ferment leurs portes ou d'entreprises demandant à leurs employés de consentir à des baisses de salaire.