Le ralentissement économique commence à mordre dans les prévisions budgétaires des provinces au point où les déficits seront plus élevés que prévu pour plusieurs d'entre elles.

Hier, le Manitoba et la Nouvelle-Écosse ont tous deux présenté des mises à jour budgétaires qui font état d'une détérioration des comptes publics. Le déficit prévu pour 2011-2012 de la province atlantique passe de 319 à 365 millions. Celui de la province des Prairies se creuse de 554 millions à 989 millions.

Dans le cas du Manitoba, les inondations printanières ont à elles seules gonflé les dépenses 343 millions, mais des rentrées fiscales moins élevées expliquent aussi l'aggravation du déficit.

En outre, la Colombie-Britannique considère d'imiter Ottawa et de reporter d'un an le retour à l'équilibre budgétaire. Jusqu'ici, ce temps béni est promis pour 2013-2014. Le mois dernier, le ministre Jim Flaherty a annoncé qu'il reportait l'équilibre budgétaire fédéral à 2015-2016, soit deux plus tard que Québec.

Depuis la présentation des budgets au printemps, les révisions ont gonflé les déficits totaux des provinces de plus de deux milliards, selon les calculs de Robert Kavcic, économiste chez BMO Marchés des capitaux. Aucune province n'a présenté une révision qui embellit sa situation fiscale.

Le mieux, c'est un peu comme le Québec qui garde le cap, grâce à des recettes plus élevées que prévu d'un milliard pour l'exercice 2010-2011. Heureusement, car la société distincte n'a pas créé d'emplois cette année et le gouvernement a dû ramener à 1,6% seulement sa prévision de croissance réelle, pour l'année en cours. «Le Québec a été plutôt proactif dans le contrôle du déficit budgétaire à la différence des autres provinces», note M. Kavcic.

Ainsi, il n'a pas hésité à majorer d'un point de pourcentage deux années d'affilée sa taxe de vente, désormais harmonisée avec celle d'Ottawa. Il a aussi imposé une cotisation santé qui passera à 200$ le premier janvier tandis que la taxe sur l'essence sera augmentée d'un cent.

En 2012, la taxe harmonisée s'élèvera à 14,5%, soit un point et demi de pourcentage de plus que celle de l'Ontario.

La province voisine aura de son côté bien du mal à recouvrer l'équilibre budgétaire en 2017-2018, selon son scénario prévu. Au point où l'agence Moody's a mis sa note de crédit sous surveillance avec perspective négative, cette semaine. La note Aa1 pourrait être abaissée d'un cran à Aa2, ce qui la placerait au même rang que celle du Québec et des quatre provinces atlantiques.

En mai, l'agence Fitch avait aussi placé l'Ontario sous surveillance avec perspective négative. Fitch attribue la note AA à l'Ontario, soit un cran de plus que celle du Québec (AA-).

«L'incapacité à s'attaquer à des déficits consolidés répétés et à stabiliser le poids de la dette à moyen terme exerce des pressions à la baisse sur la note de crédit», écrit Jennifer Wong vice-présidente adjointe, groupe de la dette sous-souveraine de l'agence.

La province prévoit un retour à l'équilibre en 2017-2018 grâce à une croissance des dépenses limitées à 1,5% par année alors que le gouvernement McGinthy a un bilan de progression moyenne de 7% entre 2002-2003 et 2007-2008. Il fait aussi l'hypothèse d'une croissance continue d'au moins 2% d'ici 2017-2018, ce qui semble optimiste. il s'est en outre engagé à ne pas alourdir le fardeau fiscal des contribuables.

«Réussir à contenir les dépenses à 1,5% par année pendant six ans, représenterait pour l'Ontario la plus longue période d'austérité depuis la Deuxième Guerre mondiale», fait remarquer Derek Burleton, économiste en chef adjoint chez TD.

La décision de Moody's a-t-il rappelé sera dictée par la volonté qu'aura le gouvernement minoritaire de suivre les recommandations de la Commission Drummond, attendues en début d'année. Don Drummond, ancien économiste en chef de TD et ex-sous-ministre fédéral des Finances à l'époque où Paul Martin luttait pour rétablir les finances publiques fédérales, a pour mandat de trouver de restructurer les services publics afin d'en augmenter l'efficience.