Il n'y a pas que l'industrie aéronautique qui salive devant la liste d'épicerie militaire du gouvernement Harper. La filiale montréalaise d'un géant britannique, Ultra Electronics TCS, spécialisée dans les communications militaires, a déjà l'oeil fixé sur certains éléments.

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«C'est une situation qui ne se produit qu'une fois par génération, a déclaré Joseph Hickey, vice-président au développement des affaires chez Ultra Electronics TCS (Tactical Communication Systems). Nous nous engageons dans une grande mise à niveau dans les trois services de la défense.»

Au cours des mandats précédents, le gouvernement Harper a lancé un certain nombre de programmes pour renouveler la flotte de la marine canadienne et acquérir de nouveaux avions de transport. Au cours de son nouveau mandat, il devrait confirmer l'acquisition de 65 chasseurs F-35, le Joint Strike Fighter.

Ultra Electronics s'intéresse plutôt aux programmes liés à l'armée de terre, comme l'acquisition de véhicules blindés de patrouille et de combat, annoncés par Ottawa.

«Ce sont des programmes importants qui nécessiteront des investissements dans les systèmes de communication», a noté M. Hickey au cours d'une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires.

D'autres programmes sont prometteurs aux yeux d'Ultra Electronics TCS, comme la modernisation des équipements de communication du commandement de la force terrestre, la fourniture d'appareils électroniques et de senseurs aux militaires (dans le cadre du Projet d'équipement intégré du soldat) et même le programme de modernisation de l'équipement cryptographique du Canada.

«Il y a beaucoup d'occasions au Canada, qu'il s'agisse de nouvelles plateformes ou de modernisation de plateformes existantes, a déclaré M. Hickey. En ayant une présence en Afghanistan, les forces canadiennes ont constaté ce qui était requis et ont également constaté que certains équipements étaient vieillissants. Ce qui est bien, c'est que le gouvernement a reconnu cela.»

Le vice-président d'Ultra Electronics TCS n'a pas voulu s'engager sur la scène politique et a refusé de commenter les effets de l'élection d'un gouvernement majoritaire conservateur à Ottawa.

«Si le gouvernement en place est intéressé à investir dans la défense et la sécurité canadienne et continuer cette philosophie, ça crée des occasions d'affaires pour nous, a-t-il simplement indiqué. Nous constatons que le gouvernement conservateur poursuit ce qu'il avait commencé avant les élections.»

À l'origine, Ultra Electronics TCS faisait partie de Canadian Marconi Company, puis de CMC Électronique, avant d'être acquise par la société britannique Ultra Electronics en 2002. Elle emploie plus de 200 personnes, essentiellement à Montréal, mais aussi à Ottawa.

M. Hickey estime que cette présence canadienne devrait favoriser Ultra Electronics TCS puisque plusieurs programmes sont soumis aux exigences de retombées industrielles régionales. Cela signifie que l'entreprise qui remporte un contrat doit générer des retombées d'un montant équivalent au Canada.

«Cela nous donne l'occasion de procéder à la fabrication des produits et de fournir des services après-vente et des services de soutien à partir de nos installations de Montréal», a-t-il déclaré.

Le marché américain difficile

Si le marché canadien est prometteur, le marché américain risque de devenir un peu plus difficile au cours des années à venir. Aux prises avec des difficultés budgétaires, Washington entend resserrer le budget du Pentagone. M. Hickey croit que ce sont les plus gros programmes qui vont écoper, comme le développement du F-35.

«Nous nous attendons à ce que les fonds demeurent disponibles dans notre secteur, les communications, parce que la tendance est de donner de plus en plus d'informations aux soldats sur le terrain, de filmer ce qui se passe, de recueillir des informations et d'effectuer de la surveillance», a-t-il déclaré.