Le ministre des Finances Jim Flaherty prévoit un retour aux budgets équilibrés dès 2014-2015 après six ans d'encre rouge à Ottawa. Et il table sur un surplus de 3,7 milliards de dollars durant le premier exercice financier une fois que le déficit aura été éliminé et de 8,2 milliards de dollars durant l'exercice financier suivant.

M. Flaherty a déposé cet après-midi à la Chambre des communes un budget de 281,4 milliards de dollars  qui est fidèle au plan budgétaire du 22 mars et qui respecte aussi les engagements formulés par les conservateurs durant la dernière campagne électorale.

Ainsi, le déficit sera éliminé un an plus tôt que prévu dans le dernier budget, le Québec obtiendra les 2,2 milliards de dollars qu'il réclame depuis les années 1990 pour avoir harmonisé la TPS et la TVQ et les subventions de l'État aux partis politique, qui totalisent 27 millions de dollars par année, seront graduellement abolis d'ici 2015-2016.

En outre, le grand argentier du pays confirme que le déficit du dernier exercice financier, qui a pris fin le 31 mars, sera de 4,3 milliards de dollars de mois que prévu dans le budget du 22 mars (36,2 milliards en tout) - une manne qui témoigne que la vigueur de l'économie canadienne lors du dernier trimestre (3,9%) malgré les mauvaises nouvelles économiques en provenance de l'étranger, en particulier des États-Unis, de l'Europe et du Japon.

«Cette mise à jour du budget de 2011 montre donc que le gouvernement est sur la bonne voie pour éliminer le déficit fédéral. Selon les prévisions financières mises à jour, le gouvernement fédéral devrait afficher un excédent d'ici 2015-2016», peut-on lire dans le budget du ministre Flaherty.

Ce faisant, le Canada sera, avec l'Allemagne, l'un des deux pays du G7 à revenir à l'équilibre budgétaire d'ici 2016.

«Est-ce que c'est un défi? Oui, c'est un défi. Mais est-ce que c'est réalisable? Absolument réalisable. (...) Les gouvernements sont très bons pour créer des programmes ; ils ne sont pas très bons pour les abolir. Mais ce n'est pas tous les programmes qui devraient durer pour toujours, autrement, le gouvernement continuerait à grossir sans arrêt», a affirmé M. Flaherty en point de presse.

Le gouvernement Harper promet d'utiliser la nouvelle marge de manoeuvre financière pour rembourser la dette accumulée - qui atteindra 614,5 milliards en 2014-2015, soit une augmentation de 157 milliards de dollars en six ans - ou encore d'investir dans «les priorités des Canadiens, notamment la réduction des impôts pour les familles».

Pour atteindre son objectif d'éliminer le déficit un an plus tôt, le gouvernement Harper compte réduire les dépenses de l'appareil de l'État de 11 milliards en tout au cours des quatre prochaines années, soit un milliard en 2012-2013, deux milliards en 2013-2014, et quatre milliards au cours des deux exercices financiers suivants.

Le président du Conseil du Trésor, Tony Clement, a eu le mandat d'identifier les économies jugées nécessaires au retour à l'équilibre budgétaire au cours des 12 prochains mois.

Après avoir consulté les économistes du secteur privé le 31 mai, M. Flaherty a estimé que les projections financières contenues dans son budget du 22 mars sont toujours valides et il table sur une croissance économique de 2,9% en 2011.

Durant cette rencontre, les économistes ont toutefois fait valoir que la crise de la dette publique en Europe pourrait brouiller les cartes, tout comme la faible reprise économique aux Etats-Unis, qui demeurent le principal partenaire commercial du Canada.

Dans son budget, le ministre Flaherty maintient par ailleurs un saupoudrage de 2,3 milliards de dollars en nouvelles dépenses en 2011-2012, comme il l'avait annoncé dans son budget du 22 mars qui n'a pu être adopté avant la chute du gouvernement Harper, minoritaire aux Communes à ce moment-là.

Ainsi, M. Flaherty va bonifier le Supplément de revenu garanti pour les aînés les plus démunis à partir du 1er juillet. Cette mesure permettra à certaines personnes âgées vivant seules de toucher 600$ de plus par année tandis que les couples obtiendront 840$. À elle seule, cette mesure coûtera 300 millions de dollars par année.

M. Flaherty reconduit pour une autre année le programme de rénovations domiciliaires ÉcoÉnergie -une dépense de 400 millions de dollars.

Le gouvernement Harper crée un nouveau crédit d'impôts non remboursable de 15% applicable à un montant de 2000$ pour les aidants naturels qui s'occupent d'un proche malade. Cette mesure coûtera 40 millions cette année et 160 millions l'an prochain.

Il offre aussi d'effacer les prêts étudiants jusqu'à concurrence de 40 000 $ pour les nouveaux médecins de familles et 20 000 $ pour les infirmiers qui acceptent de s'établir dans les régions rurales, où les services de soins de santé sont parfois inadéquats.

Le ministre va aussi de l'avant avec une panoplie de nouveaux crédits d'impôt. Les pompiers volontaires se verront offrir un crédit d'impôt de 3000 $ s'ils effectuent au moins 200 heures de service. Les parents qui inscrivent leurs enfants à des activités artistiques pourront obtenir un crédit d'impôt de 15% sur un montant maximal de 500 $.

Pour encourager la création d'emplois, Ottawa offre un crédit temporaire à l'embauche pour les petites entreprises, «la pierre d'assise de l'économie canadienne». Cette mesure, qui coûtera 124 millions de dollars cette année, offrira un crédit ponctuel pouvant atteindre 1000 $ pour atténuer la hausse des cotisations d'assurance-emploi prévue en 2011 pour les employeurs qui embauchent de nouveaux employés.

- Avec Hugo de Grandpré