Le projet de fusion des groupes boursiers de Toronto (TMX) et de Londres (LSE) devra passer par des audiences publiques. Ainsi en ont décidé hier les autorités boursières du Québec et de l'Ontario.

Ces audiences auront lieu dans deux mois, à la mi-juillet. Plus précisément les 14 et 15 juillet pour les audiences convoquées à Montréal par l'Autorité des marchés financiers (AMF).

Entre-temps, l'AMF et sa voisine ontarienne, la CVMO, solliciteront des commentaires de la part d'intervenants interpellés par «tous les aspects de la transaction proposée ainsi que des enjeux spécifiques», lit-on dans l'avis de l'AMF.

À la CMVO, on justifie la tenue d'audiences publiques au fait que «cette proposition (de TMX et LSE) soulève des questions significatives de politiques publiques qui sont importantes pour les participants des marchés financiers en Ontario.»

Mais chez l'AMF, on énumère déjà des «principes directeurs» qui guideront l'examen du projet de fusion boursière, en particulier ce qui concerne la filiale «Bourse de Montréal» du Groupe TMX.

Entre autres, l'AMF veut que le projet «favorise la formation du capital au Québec » et «l'accès aux marchés des capitaux des entreprises québécoises. » Cela fait écho aux inquiétudes manifestées par des intervenants d'affaires au Québec envers le sort des PME à capital ouvert dans un futur géant boursier dont la haute direction passerait de Toronto vers Londres.

Par ailleurs, l'AMF demandera que le projet de fusion boursière «favorise le bon fonctionnement, la pérennité et la croissance » de la Bourse de Montréal et ses filiales comme CDCC à titre «d'entités spécialisées dans la gestion des marchés d'instruments dérivés».

Ce critère de l'AMF pourrait raviver les critiques suscitées au Québec envers les engagements considérés ambigus de la part de TMX et LSE à propos du statut futur de la Bourse de Montréal.

Du côté du Groupe TMX, qui divulguait hier de bons résultats trimestriels, les dirigeants ont affirmé leur confiance envers l'issue favorable des examens officiels amorcés par l'AMF et la CVMO.

« Nous demeurons engagés à 100% vers la réalisation de notre accord de fusion avec LSE parce que nous croyons qu'il s'agit de la meilleure avenue pour nos actionnaires, pour notre entreprise et pour le développement des marchés des capitaux au Canada», a répondu le chef de la direction de TMX, Thomas Kloet, à un analyste qui s'enquerrait de l'opposition au projet manifesté par de grandes banques.

Ces banques, dont la Nationale du Québec, sont parmi les principaux négociants en Bourse au Canada. Elles sont aussi actionnaires de la bourse alternative Alpha, une concurrente montante pour la Bourse

de Toronto.

Rappelons qu'au fédéral, l'examen du projet de fusion boursière est en cours depuis un mois. Il s'effectue selon la loi des investissements étrangers parce que, dans les faits, il s'agit d'une offre d'achat de trois milliards de la LSE britannique sur la TMX canadienne.

Par ailleurs, les résultats financiers divulgués hier par TMX et LSE démontrent qu'elles ont profité de l'élan favorable en Bourse jusqu'à récemment.

Chez TMX, la valeur des transactions durant le premier trimestre 2011 sur ses deux Bourses d'actions, TSX et TSX-croissance, ont crû fortement de 31% et de 142%. Cette croissance était même deux fois plus prononcée que celle des volumes d'actions négociées.

À la Bourse de Montréal, le volume de contrats négociés a bondi de 45% au premier trimestre.

En fin de compte, TMX a clos son premier trimestre avec des revenus et un bénéfice d'exploitation en hausse forte de 17% et de 22%. Le bénéfice net a crû de 19%.

En Bourse, ses actions ont gagné 1,8% à 41,75$ alors que l'indice sectoriel des services financiers était en léger recul.

À Londres, le groupe LSE a divulgué un profit de fin d'année 2010 en hausse de 22% à 342 millions de livres (env. 535 millions CAN), au-delà des prévisions d'analystes.

Les actions de LSE ont gagné 3,4%, un gain quatre fois plus prononcé que celui de l'indice de la Bourse

de Londres.