Le NPD mène un début de campagne surprenant. Tandis que les libéraux parlent d'offrir une aide financière aux étudiants et de créer des places en garderies, les néo-démocrates ont choisi de livrer bataille sur le terrain de l'économie.

Réduire le taux d'imposition des PME, appuyer l'économie verte en subventionnant les projets d'énergies renouvelables, plafonner les taux d'intérêt des cartes de crédit: les principaux engagements du NPD reflètent des préoccupations résolument économiques.

Comment le NPD explique-t-il ce choix? Son chef, Jack Layton, fait une lecture sombre de la reprise au pays. Et cela, même si le Canada est officiellement sorti de récession depuis le troisième trimestre de 2009, voilà 18 mois.

«Nous sommes encore en pleine crise économique, dit Jack Layton en rencontre à La Presse. Peut-être que les banques se sont sorties de là. Mais les chômeurs sont encore au chômage et les familles ont encore de la difficulté à joindre les deux bouts.»

C'est à croire que Jack Layton rêve de rééditer l'exploit de Bill Clinton, qui s'est fait élire en 1992 en misant sur les enjeux économiques avec le slogan: «C'est l'économie, crétin.» Le taux de chômage au Canada s'élevait toutefois à 7,8% en février, selon Statistique Canada.

Perçu à tort ou à raison comme étant moins discipliné sur le plan financier, le NPD a pris bien soin de chiffrer la façon par laquelle ce parti comptait financer ses engagements électoraux.

Les 2 milliards de dollars en subventions à l'économie verte viendraient de la réduction des subsides aux énergies fossiles, notamment les sables bitumineux de l'Alberta. Ces réductions ont été annoncées en terrain sûr, hier, alors que l'autobus de Jack Layton sillonnait le Québec.

Le NPD s'est aussi engagé à réduire le taux d'imposition des PME et à offrir un crédit d'impôt aux sociétés qui créent de l'emploi. Ces deux mesures priveraient le gouvernement fédéral de 2,3 milliards de dollars en revenus par année. Pour compenser ce manque à gagner, le NPD prévoit relever le taux d'imposition des grandes entreprises de 16,5% à 19,5%, soit à son niveau de 2008. Cette hausse rapporterait 5,9 milliards de dollars par an, calculent les néo-démocrates.

Le NPD s'est toutefois engagé à maintenir le taux d'imposition combiné du fédéral et des provinces sous le seuil d'imposition aux États-Unis, afin que le Canada reste concurrentiel avec son grand voisin.

Malgré cette apparente sagesse, Jack Layton refuse de s'engager à équilibrer les finances du gouvernement d'ici l'année financière 2015-2016, selon le calendrier établi par ministre des Finances, Jim Flaherty. Et cela, même si le gouvernement fédéral pourrait atteindre cet objectif dès 2014-2015, compte tenu du maigre déficit de 300 millions de dollars prévu cette année-là.

«Je ne pas dire que c'est absolument sûr que nous atteindrons l'équilibre à ce moment-là, mais c'est l'objectif», dit Jack Layton. Le chef néo-démocrate dit douter des chiffres du dernier budget. Il s'attend ainsi à de mauvaises surprises, notamment avec le controversé programme d'achat des avions de chasse F-35.

Jack Layton craint notamment que l'atteinte du déficit zéro se fasse par l'élimination en 2014 des investissements du gouvernement fédéral dans le logement social, comme le dernier budget Flaherty le laissait entrevoir. «Si c'est vrai, ce n'est pas une position que nous pouvons accepter», dit-il.

Pour joindre notre chroniqueuse: sophie.cousineau@lapresse.ca