Les bénéfices d'exploitation des entreprises canadiennes sont repartis à la hausse au quatrième trimestre, après avoir légèrement reculé pendant les deux précédents, marqués par un net ralentissement de la croissance.

À 65,5 milliards de dollars, ils étaient en moyenne en hausse de 7,9% par rapport à l'été. L'amélioration est généralisée: on l'observe dans 19 industries sur 22, estime Statistique Canada.

Fait aussi encourageant, les revenus d'exploitation étaient aussi en hausse de 2,8%. Il s'agissait de la sixième augmentation trimestrielle d'affilée. «Cela plaide plutôt en faveur d'un raffermissement de la demande intérieure et extérieure, plutôt que d'une rationalisation des coûts, et de la capacité des sociétés canadiennes de combler cette demande malgré un environnement d'exploitation difficile, résume Pascal Gauthier, économiste principal à la Banque TD. À la fin du trimestre, les profits avaient récupéré 56% du terrain perdu durant la récession.»

Ce redressement s'est produit, malgré l'appréciation du dollar canadien jusqu'à l'atteinte de la parité au cours du trimestre.

Fait encore trop mécompris, la récession canadienne a été relativement faible en termes réels (mesurée en reculs des volumes de biens et services produits), mais plus forte qu'aux États-Unis quand on la mesure en dollars courants (valeur perdue des biens et services produits), puisque les prix des biens de base, qui pèsent lourd dans notre économie, se sont alors effondrés.

Voilà pourquoi les bénéfices d'exploitation avaient plongé (-25%) à l'automne 2008 et ont poursuivi leur débandade, bien qu'à un rythme moindre, durant la première moitié de 2009.

Dans le secteur non financier, les bénéfices ont augmenté de 7,3%, à 49,6 milliards. Pour l'ensemble de 2010, la progression est de 9,0%.

On ne sera pas étonné d'apprendre que l'exploitation pétrolière et gazière de même que l'extraction minière ont accru leur rentabilité, dopée par la croissance des volumes et la montée des prix.

On sera peut-être surpris en revanche que tant les revenus que les bénéfices d'exploitation du secteur de la fabrication aient été à la hausse et quasi généralisés. Huit des douze segments de la production en usines ont connu une meilleure rentabilité. Les exceptions sont vêtements et textiles, produits informatiques et électroniques, produits automobiles et autre matériel de transport.

La plus forte progression de la rentabilité est venue des dérivés du pétrole et du charbon, dont les bénéfices d'exploitation passent de 2,35 à 3,67 milliards sur les 12,89 milliards du secteur tout entier. «Même en les excluant, les profits du secteur étaient en hausse de 4,6%, estime Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale. Avec de meilleures perspectives de croissance de la demande intérieure américaine cette année, la rentabilité du secteur est promise à de belles perspectives, prédit-il.

Le redressement est très spectaculaire dans le papier et les produits du bois. Les bénéfices d'exploitation, qui s'élevaient à 136 millions à l'automne 2009, ont augmenté chaque trimestre de l'an dernier pour atteindre 663 millions à l'automne.

On observe la même montée dans la première transformation des métaux, dont la rentabilité est passée en un an de 427 millions à 1,19 milliard.

Ces deux segments sont axés sur les marchés extérieurs.

Le secteur financier n'est pas en reste. Son bénéfice d'exploitation grimpe de 9,5% grâce au redressement du segment des assurances, qui a éprouvé des difficultés en raison de la faiblesse des rendements obligataires dont dépend la valeur de son passif.

La rentabilité du secteur avait reculé au cours des trois premiers trimestres de l'année. Voilà pourquoi le secteur financier affiche un recul de 7,0% pour l'ensemble de 2010.

L'échantillon de l'enquête sur les statistiques financières des entreprises était de 5659, dont 939 répondants venaient du secteur manufacturier.