Après le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, le gouvernement Harper se montre à son tour inquiet de l'endettement record des ménages canadiens.

Cet endettement pourrait un jour représenter un risque pour la croissance de l'économie canadienne lorsque les taux d'intérêt, qui sont à un niveau très bas, repartiront à la hausse, d'après plusieurs économistes.

Selon des données que Statistique Canada a publiées hier, l'endettement des foyers canadiens a atteint un record au troisième trimestre: il s'établit maintenant à 148,1% en proportion du revenu personnel disponible, un bond de près de 5 points de pourcentage comparativement au trimestre précédent.

De passage dans la région de Thetford Mines, hier, le premier ministre Stephen Harper n'a pas caché que son gouvernement s'inquiète de plus en plus des retombées possibles de cette situation.

Il a aussi invité les Canadiens à tenir pour acquis que la période de bas taux d'intérêt tire à sa fin et à planifier leurs finances personnelles en conséquence.

«Ce n'est pas quelque chose sur lequel le gouvernement a un contrôle absolu. Nous sommes dans un pays libre et les ménages peuvent prendre leurs propres décisions. Mais l'augmentation de la dette des ménages est une préoccupation du gouvernement. Nous avons averti la population à plusieurs reprises que les taux d'intérêt vont augmenter à l'avenir. Ils ne vont pas diminuer, et ils devraient planifier à cet égard», a affirmé M. Harper.

C'est la première fois que le premier ministre exprime aussi ouvertement ses craintes au sujet de l'endettement des foyers canadiens. Son ministre des Finances, Jim Flaherty, l'a déjà fait dans le passé, tout comme le gouverneur de la Banque du Canada.

Au moment même où M. Harper exprimait ses inquiétudes, M. Carney a prononcé un autre discours sur le même thème devant l'Economic Club du Canada, à Toronto. Dans ce discours, le patron de la Banque du Canada a exhorté les ménages et les entreprises à demeurer vigilants en matière d'emprunts.

M. Carney a soutenu que les taux d'intérêt devraient rester bas dans les mois à venir, ce qui permettra de soutenir la croissance de l'économie canadienne. Mais lorsque les taux seront portés à la hausse, ce qui pourrait survenir l'an prochain, plusieurs personnes pourraient se retrouver dans une situation difficile, où ils ne pourront rembourser leurs dettes.

À Ottawa, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a aussi exprimé de nouveau ses inquiétudes. Toutefois, il a indiqué que la situation n'a pas atteint le seuil de la crise.

«Notre crainte est de voir une hausse marquée des taux d'intérêt ou encore une hausse marquée du chômage avec comme résultat qu'un nombre important de gens pourraient être incapables de rembourser leurs dettes. C'est toujours une source d'inquiétude et nous surveillons la situation», a dit le ministre.

M. Flaherty a rappelé que le gouvernement fédéral a resserré à deux reprises les règles concernant les emprunts hypothécaires afin d'éviter que des Canadiens contractent des hypothèques qu'ils sont incapables de rembourser. Le ministre a affirmé qu'il était prêt à intervenir à nouveau dans ce domaine si la situation l'exige.

Le quotidien The Globe and Mail a rapporté hier que le gouvernement fédéral n'écartait pas l'idée d'adopter de nouvelles mesures pour limiter la hausse de l'endettement des Canadiens dans le prochain budget.

Le sous-ministre des Finances du Canada, Michael Horgan, aurait abordé le sujet avec des cadres des grandes banques canadiennes à la faveur de consultations prébudgétaires, selon le Globe.

Plusieurs banquiers lui auraient dit qu'ils approuveraient des mesures supplémentaires afin de calmer le marché hypothécaire, soit en réduisant davantage la période d'amortissement maximale des prêts, soit en augmentant la mise de fonds minimum.

Avec La Presse Canadienne

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