Conrad Black a obtenu, vendredi, une autre victoire judiciaire, lorsque le plus haut tribunal de l'Ontario a décidé que l'ancien baron de la presse pouvait intenter les six poursuites en diffamation qu'il envisage entamer en Ontario.

Black désire poursuivre des membres d'un comité spécial de Hollinger International, entreprise dont il a déjà été le président et chef de la direction, pour des propos au sujet de l'utilisation qu'il aurait faite de fonds provenant des actionnaires.

Ces propos ont été publiés sur le site internet de Sun-Times Media et ont ensuite été repris par plusieurs autres publications ontariennes.

Des documents soumis à la justice font mention, notamment, d'un rapport du comité, datant de 2004 et rédigé par Richard Breeden, affirmant que Hollinger International était une «cleptocratie» lorsque Conrad Black en était le chef de la direction.

Le rapport avançait également que Black avait utilisé l'argent des actionnaires pour financer son style de vie et l'accusait d'avoir dérobé au moins 300 millions $ à l'entreprise.

Les avocats de Black soutenaient que les poursuites en diffamation devraient être intentées en Ontario, parce qu'il s'agit de la province où leur client a bâti sa réputation.

De son côté, la défense faisait valoir que l'affaire n'avait pas véritablement de lien avec l'Ontario.

Les avocats de la défense ont rappelé que Black avait renoncé à sa citoyenneté canadienne, et que les révélations avaient été effectuées par des membres de la direction et des conseillers d'une entreprise établie aux États-Unis, et ce, dans le respect des lois américaines.

Lorsqu'un tribunal inférieur a rejeté leur requête de suspension, en 2009, les avocats de la défense ont interjeté appel de la décision. Mais vendredi, la Cour d'appel de l'Ontario a rejeté leurs arguments dans une décision unanimement rendue par trois juges.

La cour a également accordé à Black 35 000 $ US en frais judiciaires.

Après avoir été emprisonné durant plus de deux ans en Floride pour des accusations de fraude et d'entrave à la justice, Conrad Black a été libéré sous cautionnement en juillet, après que la Cour suprême des États-Unis eut réduit la portée de la loi qui avait été invoquée pour l'accuser de fraude.

Cette décision n'a pas renversé les verdicts de culpabilité prononcés contre lui. Cependant, un tribunal inférieur devra décider si les trois condamnations prononcées contre Black doivent être renversées à la lumière de la décision de la Cour suprême.

Récemment, Black a abandonné sa requête pour obtenir la permission de retourner au Canada. Il restera aux États-Unis en attendant qu'une décision en appel soit rendue.

Black doit comparaître de nouveau devant la justice, à Chicago, le 20 septembre, et il pourrait réitérer sa demande pour pouvoir rentrer au Canada.

Conrad Black fait toujours face à plusieurs poursuites civiles, dont une poursuite pour 71 millions $ déposée par le fisc américain pour impôts non payés. L'ancien baron de la presse affirme toutefois ne rien devoir au fisc.

Hollinger a déjà possédé le Chicago Sun-Times, le Daily Telegraph of London, le Jerusalem Post et des centaines de journaux communautaires au Canada et aux États-Unis.