Ce n'est pas un nouveau record d'endettement qui empêchera les Canadiens de continuer à s'enrichir.

Les ménages canadiens valaient en moyenne 168 800$ au 30 septembre dernier, selon les chiffres publiés hier par Statistique Canada. Il s'agit une hausse de 1,8% par rapport au trimestre précédent, mais les ménages canadiens sont encore loin de leur record de richesse de 179 000$ établi en juin 2008, avant la crise financière et la récession.

La hausse de la valeur des ménages au troisième trimestre de 2009 s'explique surtout par l'envolée des marchés boursiers. Entre juillet et septembre, la Bourse de Toronto a gagné 9,8%. À ce rythme, pas étonnant que la valeur moyenne des actifs financiers des Canadiens ait gagné 3,1% pour s'établir à 116 936$. En guise de comparaison, les Canadiens ont vu leurs actifs immobiliers augmenter de seulement 0,4% au cours du dernier trimestre. «Les actifs financiers ont gonflé», résume Benoit Durocher, économiste au Mouvement Desjardins.

Selon Statistique Canada, les actifs totaux des Canadiens sont passés de 206 927$ à 210 403$ (+1,7%), alors que leurs passifs sont passés de 41 115$ à 41 603$ (+1,2%). Des chiffres rassurants pour l'économie canadienne, qui voit ses sujets s'enrichir. «L'inquiétude en période de récession, c'est que les ménages constatent une diminution de leurs revenus et réagissent en restreignant leurs dépenses de consommation, dit Benoit Durocher. La hausse de la richesse des ménages vient donc dissiper beaucoup d'inquiétudes.»

Un record d'endettement

Tout n'est cependant pas rose dans le dernier bilan financier des ménages canadiens, qui ont établi un nouveau record d'endettement.

Selon Statistique Canada, les ménages s'endettent de 145$ pour chaque tranche de 100$ de revenu disponible, soit 2$ de dette de plus qu'au trimestre précédent (143$ pour chaque tranche de 100$).

Quand Statistique Canada a commencé à calculer l'endettement trimestriel des ménages en 1990, il n'était que de 88,60$ pour chaque tranche de 100$ de revenu disponible.

«Dans le contexte actuel, c'est bon, car on essaie de stimuler l'économie, dit Benoit Durocher. À long terme, la hausse du crédit à la consommation peut être un problème, mais c'est une bonne nouvelle pour l'instant.»

Le coupable? Le crédit à la consommation, en hausse de 2,5% sur trois mois à la sortie de la récession. «Il y a beaucoup de ventes d'autos là-dedans, dit Benoit Durocher. C'est rare qu'on achète une auto comptant. Au moins, on ne s'endette pas pour payer l'épicerie.»

L'économiste Sébastien Lavoie, de la Banque Laurentienne, préfère aussi s'attarder à la hausse de la richesse des Canadiens qu'à celle de leur niveau d'endettement. «On entend toujours parler du niveau d'endettement des ménages sur leur revenu disponible, mais on oublie que les ménages ont aussi des actifs, dit-il. Pour autant que la croissance des actifs est plus grande que celle des passifs, il n'y a pas de problème.»