Lentement, mais sûrement, le commerce du Canada avec le reste du monde est en train de se rétablir, au point où il va sans doute contribuer à la croissance de l'économie cet automne pour la première fois depuis l'hiver dernier.

Le Canada est parvenu en octobre à renouer avec un surplus commercial, contre toute attente. Bien que modeste à hauteur de 428 millions de dollars, il s'agit d'une nette amélioration après le déficit de 849 millions en septembre et de 1,95 milliard en août, a indiqué hier Statistique Canada. Il s'agit du premier surplus mensuel depuis juin.

 

La valeur des exportations a augmenté de 3,4%, ou un milliard de dollars, à hauteur de 31,1 milliards. La hausse est attribuable à l'augmentation de 2,6% des volumes et de 0,8% des prix.

De leur côté, les importations ont diminué de 0,8%, à 30,7 milliards. La baisse est essentiellement une histoire de prix qui reflétait la poussée du dollar canadien durant le mois.

Le redressement de la balance commerciale découle avant tout de l'amélioration des échanges avec les États-Unis. Notre surplus commercial avec notre voisin du Sud a bondi de 2,0 à 3,4 milliards. La détérioration de près d'un demi-milliard de notre déficit avec l'Union européenne a limité le surplus commercial.

Des sept grandes catégories de biens, six se sont mieux vendues à l'étranger, dont les produits énergétiques, les produits automobiles et les biens industriels. Ces derniers ont profité de la poussée de 34% des exportations de métaux précieux au niveau inégalé de 1,3 milliard.

Les ventes de machines et équipements ont en revanche un peu diminué.

Le rétablissement du surplus commercial reflète l'amélioration des conditions économiques mondiales et américaines. L'augmentation des livraisons de biens industriels confirme aussi que les entreprises américaines se sont remises à stocker et qu'elles s'approvisionnent encore beaucoup chez nous.

Autre fait encourageant, le retour à un solde positif s'est fait alors que le dollar canadien était en pleine ascension face au billet vert. «La valeur élevée du huard n'a pas empêché les exportateurs canadiens de profiter de la reprise mondiale», résume Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins.

«L'amélioration de la balance commerciale en octobre implique que, jusque-là, le commerce extérieur a contribué pour trois points de pourcentage au PIB (produit intérieur brut) réel au quatrième trimestre», estime Marc Pinsonneault, économiste à la Financière Banque Nationale.

Il s'agit d'un revirement. Le commerce extérieur avait retranché cinq points de pourcentage au PIB réel au troisième trimestre et quatre, au deuxième.

Cela dit, l'ampleur de nos échanges de biens avec le reste du monde demeure loin encore de leurs niveaux d'avant récession. La valeur de nos exportations restait en octobre inférieure de 26,2% à celle d'un an plus tôt, celle des importations de 21,3%.

La remontée actuelle n'ira pas sans heurts. Lorsque les entreprises américaines auront terminé leur restockage, la consommation devra prendre le relais pour soutenir la demande de biens canadiens. Or, cela suppose une nette amélioration des revenus des ménages toujours frappés par un taux de chômage élevé.

Cela ne fait que souligner l'importance pour le Canada de diversifier ses marchés d'exportation.