L'Ontario et le Québec ont ratifié vendredi une entente commerciale dont les retombées économiques restent à déterminer.

L'Accord Ontario-Québec sur le commerce et la coopération (AOQCC) a pour objectif de réduire les entraves aux échanges entre les deux provinces. L'entente couvre plusieurs secteurs, dont les services financiers, la coopération en matière d'énergie, d'économie et de réglementation. Il a été présenté comme un complément plus exigeant à l'Accord de commerce intérieur (ACI), auquel toutes les provinces canadiennes ont adhéré.

Avec l'AOQCC, l'Ontario et le Québec vont notamment harmoniser leur réglementation dans les services financiers, de manière à éviter qu'une entreprise choisisse de s'établir dans la moins exigeante des deux provinces.

En compagnie de son homologue ontarien Dalton McGuinty, le premier ministre du Québec, Jean Charest, a déclaré que les retombées anticipées n'ont pas été chiffrées, mais il s'est réjoui de resserrer ainsi l'intégration des deux provinces afin d'en faire un des principaux marchés de l'Amérique du Nord.

Le négociateur pour le Québec, Michel Audet, a affirmé que l'AOQCC, sur lequel il travaille depuis janvier 2008 avec un représentant de l'Ontario, doit favoriser la mobilité de la main-d'oeuvre et la création de richesse.

M. Audet a expliqué que l'accord visait la plupart des secteurs de l'économie mais qu'il était difficile de mesurer son impact en retombées monétaires.

«Globalement, on pense que ça va amener plus de création d'emploi et de richesse dans les deux provinces, a-t-il dit. C'est le pari qu'on fait.»

Lors d'une conférence de presse devant les ministres des gouvernements du Québec et de l'Ontario, réunis pour la cérémonie de ratification, M. McGuinty a insisté sur l'importance de l'accord pour stimuler la création d'emploi, mais il a laissé entendre que les résultats se feront sentir à plus long terme, sur le marché du travail.

«À chaque fois qu'on élimine des barrières on crée d'autres possibilités pour d'autres échanges et investissements qui renforcent notre économie, a-t-il dit. Ce n'est pas de la magie, mais c'est nécessaire dans une période de l'histoire où l'économie mondiale est très concurrentielle.»

M. Charest a insisté sur l'importance du marché constitué des économies ontarienne et québécoise, soulignant que leurs échanges comptent déjà pour 55 % du commerce à l'intérieur du Canada.

Le premier ministre québécois, qui est arrivé à Toronto jeudi pour une première rencontre avec M. McGuinty et un souper réunissant leurs deux cabinets, a affirmé que le resserrement des liens, entre l'Ontario et le Québec, s'inscrit dans le projet de nouvel espace économique, dont il est un ardent promoteur.

«Nous n'avons pas chiffré les retombées anticipées de manière exacte, a dit M. Charest. Il y a une partie d'intangible là-dedans. Dalton en parlait, quand on élimine des barrières, il y a de l'intangible, mais il n'y a aucun doute dans notre esprit que ça constitue ce marché nord-américain que nous voulons présenter au monde extérieur.»

M. Audet a affirmé que l'AOQCC était en quelque sorte une version améliorée de l'ACI, qui vise à améliorer le libre-échange interprovincial concernant la mobilité de la main-d'oeuvre, les marchés publics, le secteur manufacturier, les transports, l'agroalimentaire, l'énergie et l'environnement.

Selon M. Audet, qui a été ministre des Finances dans le gouvernement de M. Charest, l'AOQCC prévoit des mécanismes de résolution de conflit et des amendes dans les cas de non-conformité.

«C'est plus exigeant, plus fort que l'Accord de commerce intérieur», a-t-il dit lors d'une entrevue après la conférence de presse.

M. Audet a affirmé que l'AOQCC était très large et que ses retombées, contrairement à celles du projet d'accord transatlantique entre l'Europe et le Canada, ne pouvaient pas être évaluées dans l'immédiat.

«On ne peut pas chiffrer pour le moment, puisqu'on est en train d'établir un nouveau cadre, a-t-il dit. Dans un an, dans deux ans, il y aura des rencontres annuelles. Les ministres vont avoir justement à établir ça: qu'est-ce que ç'a donné? (...) Le mandat qu'on avait, c'était de bâtir une entente, pas de chiffrer une entente.»