Le groupe automobile japonais Nissan a tendu la main jeudi à Mitsubishi Motors Corporation (MMC) en prenant une part de 34% dans son compatriote en proie à un scandale de fraude, une opération qui vient renforcer l'alliance déjà formée avec le français Renault.

Mitsubishi Motors avait, le 20 avril, fait part de manipulations de données sur quatre modèles pour embellir leurs performances énergétiques. Il a ensuite reconnu avoir utilisé des tests non homologués au Japon depuis 25 ans, les «suspicions» portant sur plusieurs modèles.

En se rapprochant de MMC, l'alliance, qui compte aussi le russe Avtovaz, verra ses ventes annuelles dépasser les 9,5 millions, non loin du trio de tête mondial composé du japonais Toyota, de l'allemand Volkswagen et de l'américain General Motors (GM).

Selon des documents financiers, Mitsubishi Motors va émettre des actions à l'intention de Nissan pour un montant total de 237,36 milliards de yens (1,9 milliard d'euros). L'action MMC a bondi de 16,16% jeudi à la confirmation des pourparlers.

D'ici octobre, Nissan va devenir le plus important actionnaire de MMC, devant le groupe Mitsubishi Heavy Industries (MHI), qui détient 20% des actions.

Les deux partenaires resteront cependant bien «séparés», a insisté le PDG de Nissan Carlos Ghosn lors d'une conférence de presse. «Il n'y a pas de confusion: Nissan est Nissan, Mitsubishi est Mitsubishi, une compagnie indépendante avec sa propre stratégie et sa propre direction».

M. Ghosn a salué une transaction «potentiellement gagnante-gagnante pour les deux compagnies». «Nous envisagions de renforcer notre collaboration depuis un certain temps, et sur ce la crise est survenue, accélérant les choses», a expliqué le PDG.

Les deux groupes étaient déjà partenaires: Nissan fournit des berlines à MMC, qui fabrique de son côté des mini-véhicules pour Nissan. C'est d'ailleurs ce dernier qui a découvert des irrégularités concernant la mesure de consommation de carburant de ces voitures de petit gabarit, populaires au Japon.

Depuis ces révélations, les commandes de Mitsubishi Motors ont plongé dans l'archipel, de même que l'action - qui s'est effondrée de plus de 40% -, suscitant des inquiétudes sur l'avenir du groupe, un des plus petits constructeurs japonais avec seulement un million de véhicules vendus par an.