Le géant automobile Volkswagen, enlisé dans son scandale de tricherie aux normes anti-pollution, a vu ses ventes reculer en novembre, et sa marque phare VW va accuser en 2015 la première baisse de ses ventes annuelles depuis plus de dix ans.

Le groupe aux douze marques (des citadines Seat et Skoda aux sportives Bugatti et Lamborghini, en passant par les camions MAN et Scania) a écoulé 833 700 véhicules au mois de novembre, soit un recul de 2,2% par rapport à novembre 2014, a-t-il indiqué vendredi.

«Le groupe Volkswagen et ses marques traversent actuellement une période de défi», a constaté son patron Matthias Müller, cité dans un communiqué.

Le recul est un peu moins fort sur les onze premiers mois de l'année, avec une baisse de 1,7% à 9,1 millions de véhicules. Mais il est désormais difficile de dire si le seul mois de décembre permettra au géant automobile de passer la barre des 10 millions de ventes en 2015. Un symbole qu'il avait atteint pour la première fois l'an dernier, dans sa course avec le japonais Toyota pour la place de numéro un mondial.

La marque VW au plus bas

VW, la marque phare du groupe connue pour ses Golf, Passat et Polo, est particulièrement touchée : ses ventes ont reculé de 2,4% en novembre et de 4,5% sur onze mois.  Elle a d'ailleurs avoué qu'elle sera incapable de répéter sa performance de 2014 (6,1 millions de véhicules vendus), et va accuser la première baisse de ses ventes depuis 2004.

«Compte tenu des défis actuels pour la marque, je ne crois pas que nous parviendrons à rattraper le retard dans les jours qui viennent», a concédé Jürgen Stackmann, membre du directoire de la marque.

Aux États-Unis, où le scandale des moteurs truqués a démarré, le groupe Volkswagen accuse plus particulièrement le coup avec une chute de 15,3% des ventes sur un an en novembre. La faute principalement à la marque VW, dont les ventes ont plongé de 24,7% «à cause du retrait du marché des modèles diesel», souligne le groupe.

Volkswagen, mastodonte aux 200 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel et 600 000 salariés, avait déjà subi entre juillet et septembre sa première perte nette en 15 ans, conséquence directe du scandale.

Et la baisse des ventes de Volkswagen est «effectivement un impact du scandale», juge Carlos Da Silva, analyste chez IHS.

«À nos yeux cependant, il s'agit pour l'instant plus d'un effet d'attente plutôt que de sanction», en raison du «haut degré d'incertitude autour de la marque et du groupe», explique-t-il, mais à ce stade, il n'y a pas encore de «rejet» des consommateurs.

«Solutions techniques»

À propos de la remise aux normes des 11 millions de véhicules diesel équipés du logiciel truqueur dans le monde, M. Stackmann a rappelé que «le groupe a présenté ses solutions techniques» à l'autorité automobile allemande KBA à la fin novembre. «La marque Volkswagen est actuellement en phase de préparation et de mise en oeuvre de ces solutions», a-t-il rappelé.

En Europe, une simple mise à jour de logiciel suffira pour certains modèles, avec ajout d'une pièce de plastique pour d'autres, soit «moins d'une heure» de travail, assure le constructeur, qui devra entamer à partir de janvier 2016 un gigantesque rappel de plus de 8 millions de voitures concernées en Europe.

En revanche, Volkswagen n'a pas encore dévoilé la solution technique pour les quelque 400 000 voitures concernées aux États-Unis. Le groupe attend le feu vert des autorités américaines.

Ailleurs dans le monde, les ventes du groupe ne sont cependant pas uniformément touchées. Elles sont dans le vert en Chine (+5,5% en novembre) et en Europe occidentale (+4,4%) mais se sont écroulées de 34,6% en Russie et de 51% au Brésil, à cause de la récession dans ces deux marchés émergents.

Au final, seuls Audi (+1%) et Porsche (+2,1%) affichent des ventes nettement en hausse en novembre. Le constructeur de voitures de sport a d'ailleurs vu ses ventes s'envoler de 24% entre janvier et novembre par rapport à la même période l'an dernier.