Le constructeur automobile américain Ford a été freiné au premier trimestre par un hiver rude aux États-Unis, des coûts de rappels de véhicules et des effets de change négatifs qui ont plombé les bénéfices.

Ford a dégagé un bénéfice net de 989 millions de dollars, en chute de 38,6% sur un an. Il se traduit par un résultat par action hors éléments exceptionnels, référence aux États-Unis, à 25 cents, soit 6 cents de moins qu'attendu.

À Wall Street, le titre était sanctionné et reculait de 3,43% à 15,76 dollars vers 13 h 40.

Pour expliquer ces résultats décevants, le deuxième constructeur américain derrière General Motors invoque des provisions de 900 millions de dollars.

Dans le détail, Ford a inscrit une charge de 500 millions de dollars liée à des perturbations de ses activités et celles de ses fournisseurs pendant l'hiver particulièrement rude aux États-Unis où l'activité économique a été gelée dans de nombreuses régions.

Il a aussi mis de côté de l'argent pour réparer des pièces défectueuses détectées dans des véhicules. Depuis le début de l'année, Ford a rappelé un peu plus de 430 000 véhicules en Amérique du Nord (États-Unis, Canada et Mexique) pour un problème de corrosion et un défaut dans le socle du siège arrière.

Le constructeur évoque en outre des effets négatifs de change en Amérique du Sud, notamment les dévaluations du bolivar vénézuélien et du peso argentin. Ces éléments ont aussi affecté son concurrent GM.

Dégradation des marges 

Le chiffre d'affaires a progressé de 0,8% sur un an, à 35,9 milliards. C'est mieux que les attentes du marché qui tablait sur 34,06 milliards seulement.

Les ventes en Amérique du Nord et du Sud, ont respectivement baissé de 5,1% à 20,4 milliards de dollars et de 17,3% à 1,9 milliard.

Les marges se sont en plus effritées sur ces deux marchés.

En Amérique du Nord, son premier marché, Ford offre des rabais à tout va, notamment sur le segment très rentable des pick-up. La marge opérationnelle s'élève à 7,3% contre 11,1% au premier trimestre 2013.

Cette nouvelle «renforce nos craintes que 2014 sera une année difficile pour Ford s'il poursuit sa stratégie agressive dans les pick-up», ont noté les analystes de la banque Barclays dans une note.

Le PDG Alan Mulally, donné sur le départ, a néanmoins gardé un ton optimiste, assurant que la performance trimestrielle était «solide». «Nous avons le lancement de produits le plus agressif de notre histoire», a-t-il fait valoir. Ford prévoit de lancer 23 modèles dans le monde cette année, ce qui devrait alourdir ses dépenses.

L'Europe redresse la tête

Comme GM, Ford montre des signes de rétablissement en Europe où il a vu ses ventes trimestrielles bondir de 18,2% à 7,8 milliards de dollars. Le groupe automobile veut renouer avec les bénéfices sur le Vieux Continent l'année prochaine. Pour ce faire, il a entrepris une réduction des coûts, ce qui lui a permis de  diminuer sa perte trimestrielle à 194 millions de dollars contre 231 millions lors de la même période en 2013.

«Les choses évoluent bien en Europe en dépit de la Turquie et de la Russie», s'est réjoui auprès de l'AFP le directeur financier Bob Shanks. «Nous sommes bien partis pour y gagner à nouveau de l'argent».

Fort de cet optimisme, Ford a relevé de 500 000 véhicules ses prévisions de ventes annuelles désormais entre 14 et 15 millions d'unités.

Il compte aussi sur l'Asie Pacifique: le chiffre d'affaires y a augmenté de 18,2% à 2,6 milliards de dollars.

Ford est particulièrement offensif en Chine, le premier marché automobile mondial. Il prévoit d'y introduire d'ici 2015 pas moins de 15 nouveaux modèles, dont sa marque de luxe Lincoln et son emblématique Mustang. Il a ouvert trois nouvelles usines dans le pays depuis 2012, et quatre autres sont en construction.

Il a par ailleurs confirmé ses prévisions annuelles d'un bénéfice avant impôts de 7 à 8 milliards de dollars, en baisse par rapport au record de 8,6 milliards de dollars de 2013.