Le patron de GM Europe, Carl-Peter Forster, est sur le point de quitter le groupe après le revirement de la maison mère américaine, qui a choisi de garder les marques européennes Opel et Vauxhall, a appris vendredi l'AFP de source bien informée.

Le départ du responsable, ardent défenseur de la vente d'Opel/Vauxhall à l'équipementier canadien Magna, devrait être officialisé dans les jours à venir, selon cette source qui confirme des informations du Spiegel online.

L'édition en ligne de l'hebdomadaire allemand avait affirmé que M. Forster, 55 ans, serait remplacé par un expert en restructuration, Nick Reilly, actuel responsable des activités de GM en Asie et de la marque Chevrolet.

Opel et GM Europe ont refusé de commenter, tout en laissant entrevoir une décision prochaine.

«Nous ne pouvons pas prendre position pour le moment» sur les «spéculations» d'un changement à la tête de GM Europe et d'Opel, a notamment réagi ce dernier.

«Des discussions vont avoir lieu avec toutes les parties prenantes» dans les jours à venir, explique la firme, ajoutant qu'Opel et GM informeront «en temps voulu».

Le départ de M. Forster semble acquis, tant sa position est devenue intenable.

Mardi, avant le coup de théâtre de Détroit, il semblait encore persuadé que la vente à Magna et à la banque semi-publique russe Sberbank aurait bien lieu. Il avait juste estimé que le bouclage de l'opération prendrait un peu plus de temps que prévu.

Peu après, M. Forster, à la tête de GM Europe depuis 2004 après avoir dirigé Opel les trois années précédentes, avait sévèrement critiqué la volte-face de GM. «Un tel virage est difficile à comprendre. J'aurais souhaité qu'on arrive à un autre résultat», avait-il déclaré dans les colonnes du Bild, journal le plus lu d'Allemagne.

Fritz Henderson, PDG de General Motors, peut dans ces conditions difficilement lui confier la responsabilité de la restructuration des marques européennes, qui devrait se solder par la suppression de 10 000 emplois environ sur un total de plus de 50 000 salariés.

Jeudi, il a d'ailleurs annoncé à Détroit l'arrivée prochaine d'une nouvelle direction pour les marques européennes, d'ici quelques semaines ou quelques jours.

Le patron de GM s'est également déclaré confiant dans le financement du plan de restructuration des filiales européennes, d'un montant de 3 milliards d'euros. Selon un porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel vendredi, GM pourrait présenter les grandes lignes de son projet dès la semaine prochaine.

Berlin défendait vigoureusement une cession à Magna, qui demandait 4,5 milliards d'euros pour assainir Opel, car le plan du canadien préservait mieux les intérêts des 25 000 salariés d'Opel en Allemagne et épargnait l'ensemble des sites.

La volte-face de GM a déclenché la colère du gouvernement allemand et des syndicats d'Opel, et replongé dans l'incertitude l'ensemble des salariés européens du constructeur.