Après 80 ans de mariage et bien des crises, l'américain General Motors a finalement accepté jeudi de perdre le contrôle de sa marque allemande Opel au profit de l'équipementier canadien Magna, adossé à la banque russe Sberbank.

GM a annoncé jeudi vouloir vendre 55% de ses filiales européennes Opel et Vauxhall à Magna-Sberbank. GM conservera 35% et 10% seront proposés à leurs salariés.

La «marque à l'éclair» appartenait à GM depuis la Grande dépression de 1929.

A l'époque, Opel fabriquait avant tout des bicyclettes, domaine où elle revendiquait le premier rang mondial, et des machines à coudre, une de ses spécialités depuis sa création en 1862 par Adam Opel.

L'entreprise ne s'est lancée dans la production d'automobiles qu'en 1898, mais dès 1906 la millième voiture sort des ateliers, une sensation pour l'époque.

Elle devient alors fournisseur de la cour de l'empereur Guillaume II mais ce sont ses petits modèles accessibles au plus grand nombre qui assureront son succès.

General Motors, qui voit en Opel la marque phare de son extension en Europe, concentre sa production sur l'automobile et permet à la production en série de prendre rapidement de l'ampleur. La Kadett, petit modèle familial, va devenir un best-seller.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Opel produit surtout des camions Blitz pour l'armée. Après la guerre, elle est contrainte par les Alliés de se concentrer sur la fabrication de réfrigérateurs.

La production de voitures ne repartira vraiment qu'au début des années 1950. Douze ans plus tard, une nouvelle version de la Kadett est commercialisée, alternative à la «Coccinelle» de Volkswagen et destinée elle aussi au grand public.

Le début des années 1970 est l'âge d'or pour Opel, qui détient 20% du marché allemand. Mais Volkswagen mettra un terme à sa domination en lançant sa petite voiture familiale, la Golf.

Opel ne s'en remettra jamais. Ses diversifications par la suite dans le haut de gamme (Omega) ou même les voitures de sport (Tigra) échouent. Des problèmes de qualité viennent entacher sa réputation.

En 2001, elle doit subir, dans la foulée de sa maison mère, une rude restructuration. Elle parvient à garder la tête hors de l'eau principalement grâce à ses petits modèles Corsa et Astra.

Mais ces derniers mois, le constructeur a engrangé plusieurs succès, notamment son nouveau modèle Insignia, élue voiture européenne de l'année 2009, et a présenté un modèle de voiture électrique.

GM avait aussi doté Opel de l'un de ses grands centres de recherche et développement dans le monde, basé en Allemagne et spécialisé dans les moteurs «propres».