Le conseil d'administration du constructeur américain General Motors réuni dans la plus grande discrétion pourrait sceller d'ici mercredi le sort de sa filiale allemande Opel, mettant fin à des semaines d'atermoiements irritantes pour les syndicats et le gouvernement de Berlin.

À Detroit, l'entreprise gardait le mutisme sur ce conseil d'administration, sa durée et son ordre du jour, mais des sources syndicales en Europe étaient convaincues que s'y jouerait le destin d'Opel, propriété depuis 80 ans du géant américain.

Alors que plusieurs dizaines de milliers d'emplois sont en jeu, dont 25 000 en Allemagne, les syndicats européens d'Opel et de sa jumelle britannique Vauxhall ont publié mardi une lettre commune implorant GM de prendre une décision sur le sort de ses marques européennes.

«Les syndicats européens sont convaincus du fait qu'une décision sur une vente d'Opel/Vauxhall le 8 septembre est dans l'intérêt commun de General Motors, d'Opel/Vauxhall et de ses salariés européens», affirme ce courrier.

Trois issues semblent actuellement possibles: une reprise par le consortium canado-russe Magna/Sberbank, option privilégiée par Berlin, une reprise par la holding belge RHJ International, ou un maintien pur et simple dans le giron du groupe américain.

Samedi, le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück avait évoqué ce dossier dans un aparté avec son homologue américain Timothy Geithner en marge du G20 Finances et indiqué s'attendre à ce qu'une décision soit prise lors du conseil d'administration, peut-être dès mardi.

«La position du gouvernement (allemand) est que nous sommes très intéressés à ce que le vide actuel soit enfin comblé», avait dit M. Steinbrück, alors que Berlin a déjà octroyé un prêt de 1,5 milliard d'euros à Opel.

Depuis l'été, GM, qui cherchait pourtant à céder Opel/Vauxhall, ne cesse de repousser sa décision sur le choix d'un investisseur.

Selon la presse, GM, sorti du dépôt de bilan il y a à peine deux mois, pencherait désormais pour conserver ses deux marques, garantes de l'accès au marché européen et du développement de petites voitures moins polluantes.

On prête au constructeur américain la capacité de mobiliser jusqu'à un milliard de dollars pour développer Opel, alors que son concurrent Chrysler a désormais également un pied en Europe grâce à son alliance avec un autre européen, Fiat, qui s'est engagé à ses côtés pour le sortir de l'ornière.

Le maintien d'Opel dans le giron de GM serait un coup dur pour la chancelière Angela Merkel, en pleine campagne électorale avant les législatives du 27 septembre: elle avait encore dit récemment qu'elle prônait un rachat par l'équipementier canadien Magna, soutenu par la banque russe Sberbank, une position rappelée samedi par M. Steinbrück.

Mais «GM veut empêcher que les technologies du constructeur ne parviennent en Russie et qu'un concurrent en profite pour s'y développer», faisait valoir samedi le quotidien Süddeutsche Zeitung.

En cas de cession, General Motors a plutôt affiché sa préférence pour la holding belge RHJ International.

M. Steinbrück a souligné samedi que «les décisions seront basées sur les intérêts économiques très étroits de General Motors», semblant ainsi admettre que GM pourrait préférer, en fin de compte, conserver Opel.

Le porte-parole du gouvernement allemand, Ulrich Wilhelm, est resté prudent. «Nos informations venues des organes de décision aux États-Unis n'ont pas d'indications selon lesquelles General Motors veut conserver Opel», a-t-il dit, cité dimanche dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung.