La récession fait mal, très mal au NASCAR, sport par excellence de «Joe six pack» aux États-Unis. L'organisation a baissé le prix de ses billets de 5% en moyenne cette année pour conserver ses fans, réduisant même les tarifs de moitié dans certains cas.

L'épreuve de la série Nationwide tenue ce week-end à Montréal - la seule au Canada - fait exception dans cette grisaille. Les revenus de commandites, tout comme le prix des billets, y sont 50% plus élevés que dans les autres courses du circuit, a indiqué hier Roger VanDerSnick, directeur de l'exploitation d'International Speedway Corporation (ISC), le promoteur de l'événement. La crise n'existe pas au nord de la frontière pour le NASCAR.

 

«Votre économie n'a pas été affectée autant que la nôtre, ce qui explique qu'on s'en tire mieux sur le plan des commandites», a indiqué M. VanDerSnick à un petit groupe de journalistes.

C'est la troisième année d'affilée qu'une épreuve de la série Nationwide - la deuxième division du NASCAR - est tenue dans la métropole. L'événement n'a pas l'ampleur du Grand Prix de F1, mais cette année pourrait marquer un tournant.

Pour la première fois, aucune course de la Sprint Cup, la principale série du NASCAR, n'est disputée en même temps que l'épreuve montréalaise. Cela a permis de déplacer la course principale du samedi au dimanche, assurant du coup une diffusion à large échelle sur le réseau câblé ESPN, dans des millions de foyers américains.

«On sait que cette année, l'impact médiatique sera le plus grand jamais enregistré», a fait valoir à La Presse Affaires Pierre Bellerose, vice-président de l'organisme Tourisme Montréal.

La visibilité sera peut-être plus grande dans les médias, mais les retombées touristiques immédiates, elles, demeurent difficiles à quantifier. Le Grand Prix de F1 générait jusqu'à 75 millions de dollars pour les hôteliers et commerçants de la région, selon Tourisme Montréal. Une somme beaucoup moindre dans le cas du NASCAR, dit M. Bellerose.

«Les hôteliers nous disent qu'il y a du monde dans les hôtels, mais on s'entend que ce n'est pas le Grand Prix, a-t-il souligné. Ce n'est pas le même type d'hôtels, ce ne sont pas des hôtels haut de gamme.»

Roger VanDerSnick reconnaît que la vaste majorité des spectateurs attendus ce week-end à Montréal - au moins 90% - sont Canadiens. Ils devraient être plus de 100 000 à se masser au circuit Gilles-Villeneuve, autant sinon plus que l'an dernier, a-t-il dit sans donner de chiffre précis.

ISC refuse aussi de dévoiler si l'épreuve montréalaise dégage ou non des profits, puisque l'entreprise divulgue seulement des résultats consolidés. On sait toutefois que les revenus de commandites ont augmenté d'environ 20% par rapport à l'an dernier. «On est en mode croissance, et on est satisfaits de l'endroit où on se trouve en ce moment», a indiqué le dirigeant du groupe de Daytona Beach.

Année difficile

ISC est depuis cette année le seul promoteur de la série Nationwide dans la métropole, par le biais de sa filiale Stock-Car Montréal. L'entreprise a racheté l'hiver dernier les parts de l'ancien organisateur Normand Legault, en plus de signer une entente de trois ans avec le parc Jean-Drapeau.

Roger VanDerSnick entrevoit beaucoup d'avenir pour le NASCAR à Montréal et aux États-Unis, malgré les résultats en forte baisse enregistrés par son groupe. Au deuxième trimestre de cette année, ISC a vu ses revenus fondre à 152,4 millions US, par rapport à 174,9 millions l'an dernier. Le profit de 26 millions d'il y a un an s'est quant à lui transformé en perte de 31,7 millions.

Les revenus tirés de la vente de billets, des commandites et de la vente de bière et de marchandise ont tous reculé. L'amateur «typique» de NASCAR - un père de famille de la classe ouvrière - est particulièrement frappé par la présente crise économique, admet Roger VanDerSnick.

Il ajoute cependant que les fans sont de plus en plus diversifiés, et que bien des gens aisés s'intéressent au NASCAR. «Aux États-Unis, le stéréotype d'un sport de red necks est encore présent, mais la perception a beaucoup évolué. Ici, le changement de perception ne s'est peut-être pas encore produit, dans une métropole cosmopolite comme Montréal.»

Le titre d'ISC a clôturé à 28,32$US hier sur le NASDAQ, en baisse de 0,32%. L'action a reculé de 28,5% depuis un an. Le groupe s'attend à enregistrer des revenus d'environ 700 millions cette année.