Le nouveau PDG du géant automobile japonais Toyota, Akio Toyoda, a promis jeudi de «revenir aux bases» du succès du groupe fondé par son grand-père, afin de lui éviter une troisième année de pertes.

Elu mardi par les actionnaires, Akio Toyoda est le premier membre de la famille fondatrice à diriger Toyota depuis 14 ans. Il a tenu jeudi sa première conférence de presse dans l'immense centre d'exposition du groupe à Tokyo, flanqué de cinq vice-présidents promus en même temps que lui.

«L'industrie automobile mondiale éprouve des difficultés extrêmes depuis la fin de l'an dernier. Nous, la nouvelle équipe dirigeante, nous nous sentons comme si nous hissions les voiles au milieu d'une tempête», a-t-il reconnu.

Toyota a enregistré lors de l'exercice 2008-2009, clos fin mars, une perte nette sans précédent de 436,9 milliards de yens (3,3 milliards d'euros), subissant de plein fouet l'effondrement du marché américain, son principal moteur de croissance. Il prévoit de rester dans le rouge en 2009-2010.

«Nous voulons revenir aux bénéfices le plus vite possible. Je voudrais éviter de subir des pertes pendant trois exercices consécutifs, et je ferai de mon mieux pour y parvenir», a promis le nouveau PDG.

Revenant sur la phénoménale expansion de Toyota au cours des dernières années, M. Toyoda a admis que le groupe, premier constructeur mondial depuis l'an dernier, avait pu se montrer trop gourmand et sûr de lui.

«Nous nous sommes peut-être étendus plus que nous ne l'aurions dû», a-t-il reconnu. «Dans certains domaines, nous devrons faire marche arrière».

Certains analystes estiment que Toyota n'aura d'autre choix, dans un proche avenir, que de fermer des usines pour s'adapter aux nouvelles conditions de marché. Le groupe a cependant écarté cette éventualité pour le moment.

«Nous devons recommencer, en revenir aux bases», a plaidé M. Toyoda.

Selon lui, Toyota devra mieux s'adapter aux marchés région par région: «tout comme les routes diffèrent selon les pays, les consommateurs à travers le monde ont des besoins et des goûts différents. Nous ne devons pas généraliser».

Toyota, qui a fondé en partie sa prospérité en vendant des 4x4 et autres gros modèles aux Etats-Unis, a notamment fait le voeu d'anticiper les goûts futurs des consommateurs américains. «Ce marché se rétablira. Et quand il le fera, il sera différent. Le segment des plus gros véhicules pourrait changer», a expliqué le vice-président responsable de l'Amérique du Nord, Atsushi Niimi.

En Europe, Toyota entend miser sur les voitures hybrides, dont il est le pionnier mais qui ne représentent pour l'instant qu'une part de marché minuscule sur le vieux continent. «Nous devrons développer un modèle d'affaires différent, pour ne pas être noyés dans la masse», a expliqué le PDG.

Akio Toyoda, 53 ans (bien 53 ans), est le fils du mythique PDG Shoichiro Toyoda qui régna sur l'entreprise de 1982 à 1992 et en est toujours, à 84 ans, le président honoraire. Il est aussi le petit-fils de Kiichiro Toyoda qui, en 1937, fonda Toyota en transformant en usine automobile la fabrique familiale de métiers à tisser.

Sa nomination, annoncée par surprise en janvier en remplacement de Katsuaki Watanabe, est largement perçue comme un moyen de souder l'entreprise autour d'une figure forte face à l'adversité. Présente au capital de Toyota dans des proportions symboliques, la famille Toyoda continue toutefois d'exercer une influence considérable sur la marche du groupe.

«Vu l'époque que nous vivons, peu importe qui est PDG: le travail va être extrêmement dur», a cependant prévenu M. Toyoda.