Les marchés ont été généreux pour l'agriculture canadienne en 2011. Grâce à la remontée des prix des denrées, le bénéfice net d'exploitation des fermes du pays devrait atteindre un record et être 55% plus élevé que la moyenne des cinq années précédentes, selon des données préliminaires d'Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC). Les fermes québécoises se maintiennent au-dessus de la moyenne nationale avec une amélioration de 49% du bénéfice moyen.

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D'après ce qu'AAC qualifie toujours de prévision, les agriculteurs canadiens auront dégagé en 2011 un revenu net comptant (recettes monétaires moins dépenses d'exploitation) de 11,7 milliards de dollars en 2011, comparativement à 9,5 milliards en 2010 et une moyenne de 8 milliards entre 2006 et 2010. Les nouveaux sommets du cours des céréales et des oléagineux - le prix du maïs a doublé entre les étés 2010 et 2011 - ainsi que l'amélioration des prix des viandes ont permis ce grand bond dans la dernière année.

Au Québec, le bénéfice net d'exploitation par ferme atteint près de 79 000$, largement au-delà de la moyenne canadienne de 65 000$ et du résultat de l'Ontario (63 000$). Daniel-Mercier Gouin, professeur en agroéconomie à l'Université Laval, souligne que le Québec a généralement de meilleurs résultats que le reste du pays à ce chapitre parce qu'il compte moins de petites fermes à revenu de moins de 50 000$ (41%) qu'ailleurs au pays, comme en Ontario (57%). Cela gonfle le revenu moyen.

Mieux qu'en Ontario

Il reste qu'on ne peut pas attribuer seulement à la proportion de petites fermes le fait que le Québec fasse beaucoup mieux que son voisin ontarien. Certes, l'Ontario a fait du rattrapage en 2011 avec un revenu net total de 1,32 milliard, comparativement à 1,22 milliard pour le Québec. Mais sur la moyenne des années 2006 à 2010, le Québec a affiché un revenu net annuel de 775 millions comparativement à seulement 163,5 millions pour l'Ontario, qui compte pourtant sur une agriculture plus imposante.

«L'agriculture québécoise est plus en santé que celle de l'Ontario, affirme Daniel-Mercier Gouin. Dans les dernières années, le revenu net s'est vraiment détérioré en Ontario, alors qu'il était plutôt stable au Québec.»

Deux raisons expliquent cela, selon le professeur de l'Université Laval. La gestion de l'offre stabilise plus de 40% de nos recettes agricoles (lait, volaille, oeufs), une part plus importante qu'en Ontario. Et les programmes de soutien gouvernementaux sont plus généreux qu'ailleurs au pays.

Au total, les producteurs québécois ont encaissé 746 millions en paiements de programme en 2011, selon les estimations préliminaires d'AAC. C'est moins que la moyenne des cinq dernières années (952 millions), marquées par une conjoncture catastrophique dans l'industrie porcine, mais c'est bien davantage que les 277 millions versés en Ontario en 2011.

Pour 2012, AAC prévoit un revenu agricole global toujours élevé au Canada, mais en léger recul par rapport à 2011, à 11,2 milliards. La conjoncture se stabilisera, prévoit le Ministère. «L'offre de céréales et d'oléagineux devrait être plus abondante sur les marchés mondiaux, et le nombre de troupeaux de bovins et de porc au pays devrait se stabiliser. Les dépenses continueront d'augmenter, mais à un rythme plus lent. On n'anticipe en effet aucune hausse des coûts comme celle de l'engrais en 2011.»