Depuis la pandémie qui a montré la fragilité des chaînes d’approvisionnement et avec la détérioration des relations politiques avec la Chine et l’invasion de l’Ukraine, beaucoup de pays sont à la recherche de nouveaux amis.

Des alliances surprenantes se forment, comme les BRICS, le regroupement original de cinq pays – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud –, qui vient d’admettre six nouveaux membres, dont l’Arabie saoudite et l’Éthiopie, pour former un bloc commercial plutôt hétéroclite.

Pendant que les grandes plaques tectoniques s’ajustent au nouveau contexte géopolitique, les nations continuent de faire du commerce, et des changements apparaissent dans la nature des échanges.

Surprise, le Mexique vient de dépasser la Chine parmi les principaux partenaires commerciaux des États-Unis. Entre 1989 et 2023, la part des importations américaines en provenance du Mexique, exprimée en dollars, est passée de 5,7 % à 15,2 %, selon les chiffres du U.S. Census Bureau.

La part de la Chine, qui avait augmenté de 2,7 % à 21,6 % entre 1989 et 2017, a diminué à 13,2 % en 2023. Quant au Canada, il reste le deuxième partenaire commercial en importance des États-Unis, mais la part des importations canadiennes aux États-Unis a baissé de 18,6 % à 13,5 % du total entre 1989 et 2023.

Les États-Unis ont aussi de nouveaux amis, comme le Viêtnam et l’Inde, qui se sont taillé une place dans la liste de principaux partenaires commerciaux des Américains.

Il pourrait être facile de conclure que les intentions maintes fois exprimées de raccourcir les chaînes d’approvisionnement commencent à donner des résultats. Après tout, le Mexique est un des deux partenaires des États-Unis dans ce qui est considéré comme la plus grande zone de libre-échange au monde, l’ACEUM. Il est le voisin d’à côté, ce serait donc normal qu’il bénéficie du rebrassage de cartes du commerce international.

On pourrait aussi penser que la mondialisation est en train de s’effilocher, mais c’est probablement prématuré. Les barrières commerciales se multiplient, c’est vrai. Selon le Fonds monétaire international, le nombre de nouveaux obstacles au commerce a explosé depuis 2019 et a atteint 3000 pour la seule année 2022.

Malgré cette explosion, le commerce mondial tient bon, avec une hausse de 0,8 % du volume des échanges de marchandises prévue en 2023 par l’Organisation mondiale du commerce, en cette année de ralentissement économique généralisé.

Les États-Unis sont les plus gros importateurs de marchandises au monde. Et ils ne sont pas vraiment en voie de raccourcir leur chaîne d’approvisionnement. La place de la Chine dans les importations américaines a été prise en partie par un pays voisin, mais aussi par d’autres tout aussi éloignés. Le Viêtnam et l’Inde exportent davantage aux États-Unis, mais aussi Taïwan, la Corée du Sud et Singapour, relève un économiste de la Banque TD dans une étude récente1.

Selon lui, il ne faudrait pas conclure non plus que les États-Unis sont en train de s’affranchir de la Chine. Les pays qui l’ont remplacée dépendent souvent eux-mêmes des investissements chinois sur leur territoire et sont dans bien des cas des intermédiaires dans la formidable machine économique qu’est devenue la Chine.

La Chine continue et continuera d’être un maillon important de la chaîne d’approvisionnements américaine, malgré les mesures prises par le gouvernement américain pour s’en affranchir, pour le meilleur et pour le pire.

1. Lisez l’étude de la Banque TD (en anglais)
En savoir plus
  • 3200 milliards US
    Valeur totale des importations des États-Unis en 2022
    Source : Bureau du représentant au commerce des États-Unis