(Québec) Le Québec devrait « normalement » éviter la récession malgré le recul du PIB de 1,9 % au deuxième trimestre, estime le ministre des Finances, Eric Girard.

Ce recul est plus prononcé que la moyenne canadienne (-0,2 %).

Selon le grand argentier du gouvernement Legault, « normalement, le troisième trimestre devrait être positif et on n’aura pas deux trimestres consécutifs négatifs, qui est la définition traditionnelle du début d’une récession ».

Il observe que le troisième trimestre de l’économie américaine, où les données sont plus à jour, est « extrêmement fort » et permettra au Québec – comme à l’ensemble du Canada – de « bien faire ».

« On n’anticipe pas un troisième trimestre négatif au Québec, et on demeure modérément positifs », a-t-il soutenu lors d’une mêlée de presse au parlement mercredi.

Il maintient la prévision inscrite à son budget de mars relativement à la croissance économique, c’est-à-dire une hausse du PIB de 0,6 %. « On est exactement où l’on pensait », a-t-il plaidé.

Il rappelle que le premier trimestre a été « assez fort », avec une croissance de 1,4 %.

Au sujet du recul au deuxième trimestre, il a soutenu : « Je ne veux pas prétendre que c’est une bonne nouvelle. Ce n’était pas un bon trimestre, mais lorsque l’on sait que le quatrième trimestre de 2022 et le premier trimestre étaient forts, et que c’est fort aux États-Unis au troisième, on est corrects. »

Si le deuxième trimestre s’est retrouvé dans le rouge, c’est en partie en raison de « l’impact des incendies de forêt sur l’extraction minière », selon lui.

Lors de la période des questions au Salon bleu, les libéraux ont fait part de leurs inquiétudes sur la performance de l’économie québécoise. Le chef intérimaire Marc Tanguay a accusé le gouvernement d’avoir des prévisions « jovialistes » par rapport aux économistes du secteur privé. Avec les chiffres du deuxième trimestre, « la réalité a frappé le gouvernement encore une fois. […]. La CAQ s’est encore une fois trompée ».

« Le premier ministre accuse à raison Québec solidaire de prôner la décroissance. Lui, il la réalise à toutes les semaines, la décroissance. On est les champions dans la chute du PIB », a-t-il lancé.

François Legault a répliqué en disant que « quand on regarde la croissance économique par habitant depuis cinq ans, on a été meilleurs au Québec qu’en Ontario ou que dans le reste du Canada ». « Soyons fiers de ça puis arrêtons de dire n’importe quoi », a-t-il ajouté.

« Il ne faut pas être alarmiste », a renchéri Eric Girard. « On n’aura pas de contraction prolongée » de l’économie, « la contraction se limitera au deuxième trimestre ».

Son avis n’est pas nécessairement partagé dans le secteur privé. « Bien qu’il soit encore tôt pour l’affirmer, il pourrait s’agir du début d’une période de contraction de l’économie qui risque de se prolonger jusqu’au début de 2024, selon notre scénario », a affirmé à La Presse, mardi, l’économiste de Desjardins Hélène Bégin.

– Avec Hélène Baril, La Presse