Des voix s’élèvent au Canada pour réexaminer toute la pratique des dates de péremption « meilleur avant » — et pour déterminer si cet étiquetage n’aggrave pas, au fond, le gaspillage et l’insécurité alimentaire, en ces temps d’inflation à l’épicerie.

Un rapport du Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire des Communes sur l’abordabilité des aliments à l’épicerie cite la directrice de l’organisme Deuxième récolte Canada. Lori Nikkel estime que la mauvaise compréhension de l’étiquetage « meilleur avant » entraîne beaucoup de gaspillage alimentaire au Canada.

Selon Mme Nikkel, des consommateurs traitent ces dates « meilleur avant » comme des suggestions de « jeter après », alors qu’en fait, elles veulent dire exactement ce qu’elles annoncent : un aliment est meilleur avant cette date, plus frais. Et non pas nécessairement insalubre après une date fatidique.

Dans son rapport « L’abordabilité de l’épicerie : un examen de l’augmentation du coût des aliments au Canada », publié en juin, le comité des Communes suggère notamment au gouvernement d’examiner « l’élimination de la date de péremption affichée sur les produits alimentaires et l’impact de cette mesure pour les Canadiens ».

Kate Parizeau, une professeure à l’Université de Guelph qui étudie le gaspillage alimentaire, a déclaré mardi qu’elle soutenait cette recommandation, en particulier pour les aliments qui ne se gâtent pas rapidement.

Les grossistes d’aliments qui devraient se gâter dans les 90 jours, comme les œufs ou le lait, sont tenus par la loi d’afficher une date de péremption. Mais Mme Parizeau souligne que les fabricants d’autres aliments ajoutent souvent des dates de péremption sur leurs emballages, même s’ils n’y sont pas tenus. Elle croit que cette pratique peut amener les consommateurs à croire prématurément qu’un aliment n’est plus comestible.

Selon la professeure Parizeau, les consommateurs ont tendance à faire implicitement confiance aux dates de péremption.

« Je pense que beaucoup de gens ont cette impression que les dates “meilleur avant” sont déterminées par des scientifiques dans un laboratoire, qui mesurent le nombre de jours avant qu’un produit ne se gâte », a-t-elle déclaré.

« Ce n’est pas comme ça que ça marche : c’est en fait le gouvernement qui dit aux fabricants qu’ils doivent eux-mêmes le déterminer. »

Mme Parizeau encourage plutôt les consommateurs à en apprendre davantage sur la salubrité des aliments, afin qu’ils puissent déterminer par eux-mêmes si les aliments achetés en épicerie sont gâtés.