(Ottawa) Après une montée abrupte et rapide des prix en 2022, le taux d’inflation du Canada devrait chuter considérablement cette année selon des observateurs, ce qui rassure les économistes inquiets de la croissance incontrôlée des prix.

L’inflation, qui a commencé à grimper en 2021, a décollé de façon spectaculaire l’année dernière et a culminé à 8,1 % en été, bien au-dessus de la cible d’inflation de 2 % que la Banque du Canada veut maintenir.

La flambée des prix a été déclenchée par ce que l’économiste en chef de Desjardins, Jimmy Jean, a qualifié de « tempête parfaite » : la réouverture des économies après les restrictions liées à la COVID-19, l’invasion russe de l’Ukraine et les perturbations des chaînes d’approvisionnement.

Cette tempête a commencé à se dissiper et les pressions sur les prix ont diminué, ce qui laisse entrevoir l’espoir que la normalité de la croissance des prix puisse être rétablie.

D’ailleurs, Statistique Canada a signalé plus tôt cette semaine que le taux d’inflation global est tombé le mois dernier à 5,9 %, contre 6,3 % en décembre. Cette baisse qui peut s’expliquer par un effet de l’année de référence, qui signifie que les prix d’aujourd’hui n’augmentent pas aussi rapidement parce qu’ils sont comparés à des prix déjà élevés il y a un an.

Étant donné qu’une grande partie de l’accélération de la croissance des prix s’est produite au premier semestre 2022, l’agence fédérale a déclaré que le taux d’inflation annuel continuerait de ralentir dans les mois à venir.

Les économistes qui suivent les variations des prix d’un mois à l’autre ont remarqué que les pressions sur les prix s’atténuaient depuis un certain temps maintenant. Mais à mesure que les effets de l’année de référence s’estomperont, cette décélération sera plus évidente pour les Canadiens.

La Banque du Canada prévoit que l’inflation tombera à environ 3 % d’ici le milieu de l’année et descendra jusqu’à 2 % en 2024. La plupart des économistes du secteur privé prévoient eux aussi des données similaires.

Les prévisions s’accompagnent toutefois d’une importante mise en garde : le Canada doit être épargné par des évènements mondiaux inattendus qui pourraient entraîner une nouvelle hausse de l’inflation.

Jimmy Jean prévient qu’il ne faut pas confondre la désinflation, qui fait référence à une hausse des prix à un rythme plus lent, et la déflation pure et simple. Mais pour les Canadiens aux prises avec le coût de la vie, une croissance plus lente des prix ne signifie pas un soulagement des prix élevés.

« Une bonne partie de l’érosion du pouvoir d’achat que nous avons constatée au cours de la dernière année environ est susceptible d’être permanente, malheureusement, jusqu’à ce que nous voyions les revenus augmenter », selon l’économiste en chef de Desjardins.

Tout au long de la flambée des prix, la croissance des salaires a constamment été inférieure à l’inflation. En janvier, le salaire horaire moyen a augmenté de 4,5 % par rapport à il y a un an.

Et pour les familles qui consacrent une part importante de leur budget à l’épicerie, la baisse du taux d’inflation global est encore moins significative. En janvier, les prix des épiceries ont augmenté de 11,4 % sur une base annuelle, ne montrant aucun signe de ralentissement.

L’abordabilité étant toujours une priorité pour de nombreux Canadiens, Jimmy Jean croit que » les gouvernements vont subir des pressions pour peut-être offrir plus de soutien, en particulier aux ménages qui en ont vraiment besoin « . Cependant, il note que la plupart des gouvernements seront aux prises avec des déficits, les forçant à trouver un équilibre délicat avec les dépenses.