(Washington) L’inflation a ralenti plus qu’attendu en novembre aux États-Unis, une bonne nouvelle pour les consommateurs, saluée par Joe Biden, et qui devrait convaincre la banque centrale américaine de relever ses taux moins fortement qu’au cours des derniers mois.

L’inflation s’est établie à 7,1 % sur un an, contre 7,7 % en octobre, selon l’indice CPI, qui fait référence et sur lequel sont indexées les retraites, publié mardi par le département du Travail.

Il s’agit de la plus faible hausse des prix à la consommation depuis décembre 2021.

Le président Joe Biden y voit « des raisons d’être optimiste pour les fêtes de fin d’année et même pour l’année à venir ».

« Il faudra du temps pour ramener l’inflation à la normale pendant que nous sommes en transition vers une croissance plus stable et solide. Il est possible qu’il y ait des revers », a dit le président américain, précisant ensuite qu’il « espérait » que ce retour à la normale se produise « d’ici la fin de l’année prochaine ».

Sur un mois seulement, les prix n’ont augmenté que de 0,1 %, contre +0,4 % en octobre.

Les analystes s’attendaient à une hausse de 7,3 % sur un an, et de 0,2 % sur un mois, selon le consensus de MarketWatch.  

La hausse du prix des logements a été « de loin le principal contributeur à l’augmentation mensuelle », plus forte que la baisse des prix de l’énergie, détaille le département du Travail dans son communiqué.

« Les prix évoluent dans la bonne direction, mais restent très élevés en rythme annuel », observe Rubeela Farooqi, économiste pour HFE, dans une note.

Le pic d’inflation avait été atteint en juin, avec une augmentation des prix de 9,1 % par rapport à juin 2021. Il s’agissait alors de la plus forte hausse depuis 1981. Et depuis, la décrue est lente.

Consommateurs plus optimistes

La publication de ces chiffres coïncide avec le début d’une réunion de la banque centrale américaine, la Fed, dont la priorité actuelle est, justement, de ramener l’inflation autour de 2 % par an.  

Pour cela, elle relève progressivement son taux directeur depuis le mois de mars. Les taux d’intérêt des prêts contractés par les ménages et les entreprises sont alors plus élevés, les poussant à moins consommer, ce qui permet de desserrer la pression sur les prix.

Cette hausse des taux d’intérêt pèse cependant elle aussi sur le budget des ménages américains.

Et le ralentissement de l’inflation devrait convaincre la Fed d’augmenter les taux moins vite cette fois-ci, qu’au cours des derniers mois. Un relèvement d’un demi-point de pourcentage est désormais attendu, après quatre fortes hausses de trois quarts de point.  

Les pleins effets des actions de la puissante Réserve fédérale mettent en effet du temps à se faire sentir.

Par conséquent, « le moment de ralentir le rythme des hausses de taux pourrait intervenir dès la réunion de décembre », avait averti le président de la Fed, Jerome Powell, fin novembre.

En effet, un coup de frein trop brutal pourrait précipiter l’économie américaine dans la récession en 2023. Pour autant, il n’est pas encore temps de cesser les hausses de taux ni de commencer à les abaisser.

La Fed privilégie une autre mesure de l’inflation, l’indice PCE, dont les données de novembre seront publiées le 23 décembre.

Bien que leurs finances soient mises à mal par la forte hausse des prix, les consommateurs américains se montrent, eux aussi, plus optimistes quant à un retour dans les clous de cette inflation, a montré une étude de la Fed de New York publiée lundi.

Ils voient l’inflation tomber à 5,23 % en moyenne d’ici un an. C’est l’anticipation la plus basse depuis août 2021.

« Toute projection d’inflation en 2023 doit être considérée comme particulièrement incertaine », avertissaient toutefois les économistes Joseph Gagnon et Asher Rose, du Peterson Institute for International Economics (PIIE), dans un article publié le 5 décembre.

« Il est possible que les prix des denrées alimentaires et de l’énergie baissent ou que les salaires augmentent plus lentement que prévu ici, entraînant une baisse encore plus rapide de l’inflation. Mais les risques dans l’autre sens semblent plus grands », soulignent-ils.