(Ottawa) La ministre des Finances, Chrystia Freeland, affirme que le gouvernement Trudeau mène une politique fiscale « responsable » et « équilibrée » en offrant une aide ciblée aux ménages à faible revenu durement touchés par la hausse du coût de la vie et en contrôlant les dépenses afin de ne pas alimenter l’inflation.

La ministre Freeland a soutenu que la décision de l’agence de notation Moody’s de reconfirmer la cote AAA du Canada, quelques heures après qu’elle eut présenté son énoncé économique à la Chambre des communes, le mois dernier, démontre que les finances publiques du gouvernement fédéral sont viables à long terme.

Témoignant devant le comité des finances, lundi, Mme Freeland a défendu bec et ongles les décisions budgétaires du gouvernement Trudeau, notamment durant la pandémie de COVID-19, devant les nombreuses attaques des députés conservateurs. Le Parti conservateur et son chef Pierre Poilievre maintiennent que les libéraux de Justin Trudeau ont largement contribué au problème d’inflation élevé qui réduit le pouvoir d’achat des familles en augmentant les dépenses et en accumulant les déficits records au cours des dernières années.

« Le déficit le plus faible du G7 »

« Au moment où l’inflation est un phénomène mondial, notre gouvernement adopte une approche équilibrée, une approche qui préconise la responsabilité financière et la compassion », a lancé la ministre Freeland après avoir été interpellée par le député conservateur Jasraj Singh Hallan.

« Le Canada a aujourd’hui le déficit le plus faible de tous les pays du G7. Le Canada a la dette la plus faible en proportion du PIB de tous les pays du G7 », a-t-elle ajouté, soulignant aussi plus tard que l’économie canadienne affichait cette année le taux de croissance le plus élevé de ce groupe sélect.

Mme Freeland a défendu le bilan financier du gouvernement au moment où le comité étudiait le projet de loi C-32 qui vise à mettre en œuvre certaines des mesures contenues dans son énoncé économique.

Entre autres choses, la ministre a annoncé une bonification de l’Allocation canadienne pour les travailleurs et l’élimination de façon permanente de la portion fédérale des intérêts sur tous les prêts d’études et les prêts aux apprentis à compter du 1er avril.

Dans son énoncé économique, la ministre Freeland s’attend à un déficit moins élevé que prévu en 2022-2023, soit 36,4 milliards de dollars au lieu de 52 milliards dans le budget déposé en avril. Le manque à gagner devrait s’élever à 30,6 milliards en 2023-2024 et à 25,4 milliards durant l’exercice financier suivant. Le retour à l’équilibre budgétaire est prévu en 2027-2028 (surplus de 4,5 milliards).

De l’huile sur le feu, disent les conservateurs

Mais pour le Parti conservateur, le gouvernement Trudeau a jeté de l’huile sur le feu inflationniste. « Votre gouvernement a causé la pire inflation que nous ayons vue en 40 ans. Il a ajouté 110 milliards de dollars à la dette nationale avant même que la pandémie de COVID-19 ne commence. Et c’est plus de 500 milliards au cours des deux dernières années, dont 40 % n’étaient même pas liés à la COVID », a lancé le député Jasraj Singh Hallan, le critique conservateur en matière de finances.

Mme Freeland a répondu que l’inflation cause des difficultés financières aux Canadiens, mais que la situation est pire ailleurs. « Le taux d’inflation au pays en octobre était de 6,9 %. C’est définitivement trop élevé. […] Le taux d’inflation dans quelques pays comparables au Canada était de 14,3 % aux Pays-Bas, de 11,1 % au Royaume-Uni, de 10,7 % dans la zone euro, de 10,4 % en Allemagne et de 7,7 % aux États-Unis », a dit la ministre.

Invité à comparaître après la ministre Freeland, le directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, a toutefois indiqué qu’il est indéniable que les dépenses du gouvernement fédéral ont alimenté l’inflation. Dans quelle mesure ? Il n’a pas voulu s’avancer.

« Il est clair que si les dépenses publiques avaient été inférieures ou si les déficits avaient été moins élevés, l’inflation serait inférieure. Je ne pense pas que l’inflation serait de 2 % en l’absence de déficit public, mais il ne fait aucun doute que l’inflation aurait été inférieure. Dans quelle mesure ? C’est la grande question et je n’ai pas la réponse », a-t-il dit en réponse à une question d’un député conservateur.