Le grand patron de la Banque Nationale ne voit toujours pas de récession à l’horizon. Du moins, pas pour l’instant.

« Le scénario le plus probable pour l’économie canadienne est un ralentissement, un atterrissage en douceur », a dit Laurent Ferreira, mercredi, en marge de la présentation des résultats trimestriels de la Banque Nationale.

« Alors que l’inflation a récemment montré des signes de décélération, elle demeure trop élevée. La Banque du Canada devrait continuer de hausser les taux d’intérêt le mois prochain afin de ralentir la demande et calmer les pressions inflationnistes. Les banques centrales vont commencer à s’attarder à l’impact des hausses de taux sur le chômage et potentiellement s’ajuster en conséquence. »

Les taux d’intérêt devraient, selon lui, se normaliser à l’automne tout au juste au-dessus de la barre des 3 %. Dans ce scénario, le taux de chômage devrait se stabiliser à un peu plus de 5,5 % en 2023, précise-t-il.

L’économie canadienne demeure forte aux yeux du PDG.

Il y a un excès d’épargne. Le taux de chômage est très bas. Et le prix élevé des matières premières est une manne pour l’économie du pays.

Laurent Ferreira, PDG de la Banque Nationale

Il note cependant que l’environnement actuel est « complexe et incertain », dominé par une inflation élevée, des taux d’intérêt en hausse et des risques géopolitiques accrus.

À l’approche du lancement officiel de la campagne électorale au Québec, Laurent Ferreira estime que l’incertitude à court terme (6 à 12 prochains mois) devrait être mise de côté et que l’enjeu économique principal doit être la croissance à long terme.

« Je crois beaucoup à la réindustrialisation du Québec », dit-il en entrevue.

C’est d’ailleurs une priorité du gouvernement actuel, ajoute Laurent Ferreira. « Dans le contexte de la transition énergétique, on a beaucoup à apporter. La province pourrait exercer un leadership. Et même au niveau mondial. »

Pour lui, la création de richesse dans des industries qui vont bénéficier à l’économie du Québec à très long terme est la meilleure façon de se positionner contre l’inflation.

« La transition énergétique est un phénomène très important pour la planète. Mais c’est aussi très inflationniste pour l’économie à long terme. La meilleure façon de se positionner est de participer à la chaîne d’approvisionnement. Si on met en place des politiques porteuses qui attireront des capitaux et du talent au Québec en fonction de cette transition énergétique, on va bien se positionner pour créer de la richesse et combattre l’inflation à long terme. »

Il pense notamment à la filière batteries et aux nouvelles sources d’énergie.

Résultats conformes aux attentes

Les profits de la sixième institution bancaire en importance au pays ont atteint 826 millions pour les mois de mai, juin et juillet, en baisse de 2 % sur un an.

Ce résultat équivaut à 2,35 $ par action, alors que les analystes s’attendaient à 2,34 $.

La direction souligne que la détérioration des perspectives macroéconomiques a entraîné une augmentation des dotations aux pertes de crédit. Il y a un an, le contexte macroéconomique plus favorable avait entraîné un renversement de provisions pour pertes de crédit sur les prêts non dépréciés.

L’analyste Mike Rizvanovic, de la firme Stifel, qualifie la performance trimestrielle de « solide » dans son ensemble et souligne qu’elle est aussi meilleure que celles dévoilées jusqu’ici par les autres grandes banques canadiennes, c’est-à-dire la Royale et la Scotia.

La CIBC et la TD doivent à leur tour divulguer leurs résultats jeudi, alors que la BMO suivra mardi prochain.

Alors que l’action de la Royale a perdu 2,6 % mercredi à la Bourse de Toronto, celle de la Banque Nationale a cédé 1 %.

Nomination

La Banque Nationale a par ailleurs annoncé mercredi la nomination d’Étienne Dubuc au poste de premier vice-président à la direction et cochef des marchés financiers. Il occupera officiellement cette fonction conjointement avec l’actuel titulaire du poste, Denis Girouard, dès le 1er novembre.

Étienne Dubuc se joindra à l’équipe de direction de la banque et relèvera du PDG.

Étienne Dubuc est actuellement vice-président exécutif et directeur général, chef des actions, devises et matières premières, et cochef des solutions de gestion de risques aux marchés financiers. Il travaille à la banque depuis 23 ans.