(Washington) L’économie américaine ralentit, mais pas au point de tomber dans la récession, a estimé mardi le président de l’antenne new-yorkaise de la banque centrale américaine (Fed).

« Une récession n’est pas actuellement mon scénario de base », a déclaré John Williams sur CNBC. « Je pense que l’économie est forte », a-t-il ajouté, soulignant la nécessité de relever « rapidement » les taux directeurs pour juguler l’inflation.

« Je m’attends à ce que la croissance ralentisse un peu cette année par rapport à ce que nous avions l’année dernière […] à 1 % -1,5 % », a-t-il poursuivi, notant qu’il ne s’agissait pas d’une récession, mais d’un ralentissement nécessaire de l’économie pour atténuer l’inflation.  

Les prévisions de la Réserve fédérale (Fed) tablaient mi-juin sur une croissance de 1,7 % du PIB américain en 2022, au lieu de 2,8 % précédemment estimé.  

John Williams a reconnu qu’il était « très difficile de prévoir une récession — qui peut se produire pour de multiples raisons » et que l’économie n’était pas à l’abri d’évènements imprévus.

Mais il estime que « pour l’heure, il y a une voie à suivre pour réduire l’inflation tout en maintenant la croissance de l’économie ».  

Interrogé sur la possibilité que la première économie mondiale subisse un nouveau choc de l’extérieur, à l’instar de la guerre en Ukraine, il a répondu que la Fed surveillait « très attentivement tous les indicateurs, les conditions financières, les prix des matières premières et la croissance mondiale ».

L’institution scrute également les effets du resserrement des conditions financières et de la hausse des prix du pétrole.  

« En ce moment, les dépenses de consommation semblent être sur la bonne voie, nous constatons un ralentissement dans certains secteurs », a-t-il relevé.

De nombreux économistes estiment au contraire que l’économie américaine sera en récession en fin d’année.

« Nous prévoyons une récession brève et peu marquée commençant au quatrième trimestre de cette année et se prolongeant jusqu’au premier trimestre de l’année prochaine », a ainsi déclaré mardi Dana Peterson, économiste en chef au Conference Board, un groupe de recherches qui fait ses propres prévisions économiques.

Ce groupe a publié mardi un indice mesurant la confiance des consommateurs montrant qu’elle était tombée en juin à son plus bas niveau depuis février 2021.  

Une nouvelle hausse des taux ?

Face à l’inflation qui était en mai encore à un niveau jamais vu en 40 ans, John Williams s’est dit convaincu de la nécessité d’augmenter encore les taux directeurs, même si certains experts estiment que cela pourrait provoquer précisément une récession.

« Ce dont je suis un peu plus sûr, c’est que nous devons absolument faire monter le taux des fonds entre 3,0 et 3,5 % d’ici la fin de l’année », a-t-il dit. « Je suis très confiant sur ce point. »

En revanche, il s’est montré plus réservé sur la politique monétaire à suivre l’année prochaine. « Où nous devons être exactement dépendra des données économiques », a-t-il ajouté.

John Williams s’attend par ailleurs à « un débat » lors de la réunion de fin juillet entre les partisans d’une hausse de 0,50 point de pourcentage et les autres favorables à une hausse de 0,75 point.

Il a observé que la prochaine réunion était dans un mois et qu’il fallait donc attendre la publication d’autres indicateurs économiques pour prendre une décision.

Le président de la Fed, Jerome Powell, martèle que les décisions sont prises en fonction des données.

La puissante Réserve fédérale a procédé depuis mars à trois relèvements de taux. Ces derniers se situent désormais dans une fourchette comprise entre 1,50 % et 1,75 % après être restés proches de zéro pendant la pandémie de COVID-19.