Les consommateurs n’ont pas été épargnés en mai. L’inflation au pays a grimpé à 7,7 % d’une année à l’autre, la plus forte augmentation annuelle enregistrée depuis janvier 1983, selon les données publiées mercredi par Statistique Canada.

La hausse des prix de l’essence (+ 12 %) et de la note d’hôtel et de restaurant explique en partie cette croissance. Le prix du panier d’épicerie demeure élevé avec une augmentation de 9,7 % du coût des aliments, la même hausse avait été enregistrée en avril. Les nombreuses perturbations dans la chaîne d’approvisionnement et l’explosion des coûts de transport ont une incidence directe sur le coût des denrées.

S’il s’attendait à des niveaux élevés d’inflation, Robert Hogue, économiste en chef adjoint à la RBC, n’avait pas prévu une telle hausse. Pour le moment, on ne semble pas entrevoir de signes de ralentissement, selon lui. De son côté, le premier ministre François Legault n’exclut pas la possibilité de réduire les impôts ou encore « d’envoyer un chèque » aux contribuables pour les aider à lutter contre l’inflation.

Selon un sondage Léger paru mercredi dans Le Journal de Montréal, la baisse d’impôt serait la mesure privilégiée par les Québécois. Près de 19 % d’entre eux estiment qu’il s’agit du meilleur moyen. Une baisse des taxes sur l’essence arrive au deuxième rang des solutions permettant de faire face à la crise. « Si je me fie à un sondage paru [mercredi] matin, les Québécois ont l’air de penser que les baisses d’impôt et les chèques qu’on envoie, ce sont les bons moyens, et moi, je suis convaincu que ce sont les bons moyens », a déclaré M. Legault, de passage à La Baie pour rencontrer les sinistrés qui ont dû évacuer leur maison en raison d’un risque de glissement de terrain.

« Évidemment, il faut être prudent avec les baisses d’impôt parce qu’il y a peut-être une récession qui s’en vient, une récession mondiale, peut-être, je dis bien, et moi, j’aime mieux envoyer un chèque et laisser choisir [les] gens s’ils [veulent mettre] ça sur la nourriture, l’essence, sur peu importe. »

« On s’attendait à ce que l’inflation [s’accélère] davantage, mais pas autant, convient pour sa part Robert Hogue, de la RBC. On s’attendait à 7,4 %, le chiffre est sorti à 7,7 %. On ne voit pas encore de signes de ralentissement du côté de l’inflation. Cela dit, un peu plus tard cette année, on devrait commencer à voir les effets des hausses de taux et les effets de base. On espère que ça va commencer à refroidir les attentes des consommateurs et des entreprises quant à l’inflation, parce qu’elles commencent à augmenter. »

« Les prix du pétrole brut ont augmenté en mai. La croissance est attribuable à l’incertitude à l’égard de l’offre dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, de même qu’à la hausse de la demande sous l’effet de l’augmentation continue du nombre de voyages par suite de l’assouplissement des restrictions liées à la COVID-19 », note Statistique Canada.

Si on ne tient pas compte de l’essence, l’indice des prix à la consommation (IPC) a connu une hausse de 6,3 % le mois dernier, alors qu’il avait augmenté de 5,8 % en avril. « Les hausses des prix ont continué d’être généralisées, ce qui a exercé une pression sur les portefeuilles des Canadiens et qui, dans certains cas, a eu une incidence sur la capacité de ces derniers à assumer leurs dépenses quotidiennes », indique également l’agence fédérale.

« Nous nous attendions à des hausses de prix plus fortes que ce que les prévisions consensuelles estimaient, mais ces chiffres sont tout de même très surprenants », a pour sa part affirmé Desjardins dans ses nouvelles économiques.

Le prix du lait

L’inflation touche également les producteurs de lait. En mai, ceux-ci ont demandé à la Commission canadienne du lait (CCL) d’autoriser, pour une deuxième fois cette année, une hausse du prix du lait vendu à la ferme. La CCL a donc consenti une augmentation de 1,92 $ l’hectolitre, soit 2,5 %, à partir du 1er septembre.

Quelques produits touchés par la hausse des prix

  • Graisse et huiles comestibles (+ 30 %)
  • Fruits et légumes frais (+ 10,3 %)
  • Poisson frais et surgelé (+ 11,7 %)
  • Viande (+ 9 %, croissance inférieure à celle observée en avril qui était de 10,1 %)
  • Meubles (+ 15,8 %)

Les prix augmentent dans plusieurs composantes

En mai 2022, variation sur 12 mois :

  • Indice des prix à la consommation : 7,7 %
  • Essence : 48 %
  • Transport : 14,6 %
  • Aliments : 8,8 %
  • Logement : 7,4 %
  • Vêtements et chaussures : 2,2 %
  • Dépenses courantes et meubles : 5,5 %
  • Soins de santé et soins personnels : 3,6 %
  • Loisirs, formation et lecture : 5,4 %
  • Boissons alcoolisées, produits du tabac et cannabis récréatif : 3 %

Source : Statistique Canada

Avec la collaboration d’André Dubuc et de Vincent Larin, La Presse