À force d’entendre parler de postes vacants et de pénurie de main-d’œuvre, il est facile d’oublier que le chômage sévit toujours dans de nombreux pays du monde.

La semaine dernière, l’Afrique du Sud a annoncé que son taux de chômage avait baissé pour la première fois depuis deux ans pour s’établir à… 34,5 %.

C’est donc plus du tiers de la population qui veut travailler, mais qui ne trouve pas d’emploi. Comme les statistiques ne tiennent compte que des personnes qui cherchent activement un emploi, le taux officiel est une sous-estimation de la réalité. Le « vrai » taux de chômage du pays dépasserait les 40 %, selon les estimations de l’Institut sud-africain des statistiques.

L’Afrique du Sud détient actuellement le record mondial du chômage. C’est pourtant la première puissance industrielle de l’Afrique, avec des richesses qui font l’envie des pays qui suivent au palmarès du chômage : la Namibie, le Kosovo ou Djibouti, pour n’en nommer que quelques-uns.

L’épidémie de COVID-19 a été dramatique en Afrique du Sud, déjà en récession quand le virus s’est répandu. Après avoir reculé de 7 % en 2020, l’économie reprenait de la vitesse, mais des inondations historiques ont stoppé cet élan. Pour l’Afrique du Sud comme pour beaucoup de pays en développement, l’horizon s’assombrit avec les conséquences de la guerre en Ukraine.

Un monde à deux vitesses

La pandémie a mis brutalement un terme à la lente baisse du chômage entamée en 2009 dans le monde. Depuis, plusieurs pays ont plus que récupéré les emplois disparus pendant la crise du coronavirus. C’est le cas des pays parmi les mieux nantis qui sont confrontés à un autre problème, celui du manque de main-d’œuvre.

Plusieurs autres pays affichent maintenant les taux les plus bas depuis des décennies. C’est le cas du Canada et du Québec, mais aussi du Royaume-Uni, de l’Australie et des États-Unis.

Même dans la zone euro, le taux de chômage moyen est à son plus bas niveau historique, à 6,8 %. La moyenne recouvre toutefois des réalités différentes selon les pays. En Espagne, par exemple, 13,3 % des travailleurs sont sans emploi tandis qu’en Allemagne, c’est 3 %.

C’est loin d’être le cas partout. Les pays qui vivent du tourisme, par exemple, n’ont pas encore vu le nombre de leurs sans-emploi diminuer. Au niveau mondial, le taux de chômage moyen est encore supérieur à son niveau prépandémique.

Il reste que l’évolution actuelle à la baisse des taux de chômage est exceptionnelle et elle pourrait être de courte durée. Après la crise financière, le taux de chômage mondial a mis dix ans avant de retrouver son niveau de 2008.

Deux ans seulement après la grande plongée pandémique, la guerre en Ukraine, la crise énergétique et la famine qui menace ont fait augmenter considérablement les risques de récession.

Les conditions sont réunies pour assister à une remontée du chômage dans tous les pays du monde.