L’inflation dans la zone euro a atteint en mai son niveau annuel le plus élevé depuis la création de la monnaie unique en 1999, a indiqué mardi l’agence européenne des statistiques, alors que la hausse record des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, provoquée par la guerre en Ukraine, continue de se répercuter sur l’économie du continent.

L’inflation annuelle dans les 19 pays qui utilisent la monnaie euro a atteint le niveau record de 8,1 % en mai, contre 7,4 % en avril. Les prix ont augmenté pendant 10 mois consécutifs et montrent peu de signes d’essoufflement, aggravant la crise du coût de la vie pour les consommateurs et obligeant les responsables politiques européens à promettre une série de mesures pour atténuer la douleur. Aux États-Unis, l’inflation des prix à la consommation a atteint 8,3 %, selon les données d’avril, soit une légère modération par rapport aux mois précédents.

La Commission européenne a récemment abaissé ses prévisions de croissance économique à 2,7 % cette année, contre les 4 % estimés l’hiver dernier. Au même moment, l’inflation atteint des niveaux record et devrait s’établir à 6,8 % en moyenne sur l’année, selon les prévisions de la Commission, ce qui amène un nombre croissant d’économistes à craindre que l’Europe ne bascule dans un ralentissement brutal ou une récession pure et simple avant la fin de l’année.

Face à la montée de l’inflation, la Banque centrale européenne a accéléré sa politique de réponse et a déclaré que l’ère des taux d’intérêt négatifs pourrait prendre fin dès septembre.

Hausse dans l’énergie

Le coût de l’énergie reste le principal facteur d’augmentation des prix pour les consommateurs et les entreprises, avec une hausse record de 39,2 % en mai par rapport au même mois de l’année précédente, tandis que les produits alimentaires transformés, l’alcool et le tabac ont augmenté de 7 %.

Les dirigeants européens sont parvenus à un accord politique tôt mardi sur un embargo sur la plupart des importations de pétrole russe, une mesure autrefois impensable qui vise à punir la Russie, mais qui, selon les économistes, nuira davantage à l’industrie et aux ménages européens en poussant les prix à la hausse.

L’Allemagne, la plus grande économie d’Europe, a été parmi les plus durement touchées, l’inflation y ayant augmenté de 8,7 %. La France (5,8 %), l’Espagne (8,5 %) et l’Italie (7,3 %) ont également vu les prix à la consommation poursuivre leur ascension au fil des mois, ce qui a incité les législateurs de ces pays à proposer des plafonds sur les prix de l’énergie ou des réductions pour les ménages à faibles revenus afin de compenser le coût du gaz et du diesel.

En Allemagne, par exemple, à partir de juin, le gouvernement offrira des réductions pour le prix du carburant à la pompe et un abonnement mensuel de 9 euros (12,22 $ CAN) pour les transports publics dans tout le pays.

La hausse des coûts de l’énergie a eu, de loin, le plus grand impact sur les pays les plus proches des frontières de la Russie. L’inflation en Estonie, par exemple, qui s’était auparavant sevrée du gaz russe, mais qui est désormais soumise aux fluctuations volatiles des prix de l’énergie sur le marché, a atteint le taux annuel impressionnant de 20,1 %, soit près du double des 11 % enregistrés en janvier. En Lituanie, l’inflation annuelle a atteint 18,5 %, et en Lettonie, 16,4 %.

L’année dernière, alors que l’inflation commençait à augmenter, certains décideurs de la Banque centrale européenne ont hésité à agir alors que la croissance des salaires dans la région était faible. Mais comme les prix à la consommation ont continué de grimper et se sont étendus à un plus grand nombre de biens et services, la banque accélère son processus dit de normalisation des politiques.

Début juillet, la banque centrale devrait mettre fin à son vaste programme d’achat d’obligations, puis commencer à relever les taux d’intérêt pour la première fois en plus de dix ans. La semaine dernière, Christine Lagarde, présidente de la banque, a exposé en des termes inhabituellement clairs la trajectoire prévue pour les hausses de taux d’intérêt, signalant des hausses en juillet et en septembre.

L’économiste en chef de la banque, Philip Lane, a récemment déclaré que les augmentations seraient probablement d’un quart de point de pourcentage à la fois, mais certains responsables politiques ont suggéré qu’une augmentation plus importante que la normale, d’un demi-point de pourcentage, pourrait être justifiée.

Cet article a été initialement publié dans The New York Times.

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