(Washington) L’indice des prix privilégié par la Banque centrale américaine, le PCE, s’est hissé en mars à son plus haut niveau depuis 1982, ce qui devrait conforter l’institution financière dans sa volonté de relever ses taux plus agressivement.

D’autant que les dépenses de consommation, qui soutiennent traditionnellement la croissance de la première économie du monde, ont continué d’augmenter, selon les données du département du Commerce publiées vendredi.

Le président de la Réserve fédérale (Fed) Jerome Powell a d’ores et déjà indiqué qu’un relèvement d’un demi-point de pourcentage serait « sur la table » lors de la prochaine réunion des 3 et 4 mai.  

Les États-Unis sont confrontés à une hausse des prix vertigineuse, aggravée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février.  

Le mois dernier, l’indice PCE a encore grimpé de 6,6 % sur un an et de 0,9 % comparé au mois de février.

Les prix de l’énergie ont augmenté encore plus vite (+33,9 %) tandis que les prix des denrées alimentaires ont bondi de 9,2 % sur un an, a précisé le ministère dans un communiqué.  

Hors alimentation et énergie, l’indice des prix PCE a ralenti de façon marginale (-0,1 point de pourcentage). À 5,2 %, il reste ainsi à un niveau élevé.  

Le mois dernier, les ménages ont payé pour ainsi dire tout plus cher. Leurs dépenses de consommation reflètent donc en partie cette forte hausse des prix avec une progression de 1,1 % par rapport à février.

Puiser dans les économies

Pour autant, les économistes estiment que la hausse des dépenses est de bon augure pour la croissance du deuxième trimestre.

Certes, le poste de dépenses pour l’essence et le gaz pèse lourd dans le budget des ménages, en particulier dans celui des foyers modestes.

Mais les experts soulignent que les ménages à plus fort pouvoir d’achat ont recommencé à voyager, à aller au restaurant, au cinéma et au théâtre et ne semblent pas dissuadés par les prix.

La consommation est en effet le moteur historique de la croissance américaine et les services sont un secteur significatif des États-Unis.

« L’escalade rapide des prix n’a pas suffi à dissuader les consommateurs de dépenser en mars », a résumé Lydia Boussour, économiste chez Oxford Economics, dans une note.  

Elle relève néanmoins qu’après ajustement pour prendre en compte la hausse des prix, « les dépenses réelles n’ont augmenté que de 0,2 % ».

Pour Ian Shepherdson, chef économiste à Pantheon Macroeconomics, les dépenses se sont probablement poursuivies en avril « parce que la plupart des observateurs de l’industrie automobile estiment que les ventes de véhicules neufs ont augmenté d’environ 9 % d’un mois à l’autre ».

Pour dépenser, les ménages ont dû puiser dans leurs économies, leurs revenus n’ayant augmenté que de 0,5 %. Le taux d’épargne est ainsi tombé à 6,2 %, contre 6,8 % le mois précédent, soit son plus bas niveau depuis décembre 2013.

Les économistes estiment qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter compte tenu des énormes économies accumulées pendant la pandémie, faute de pouvoir dépenser en raison des restrictions de voyage et de sorties.

Selon Ian Shepherdson, cela ne deviendra un problème « que si les gens continuent de dépenser plus que leurs revenus une fois que leur stock d’économies sera épuisé ». « Cela prendra de nombreuses années au rythme actuel », a-t-il estimé.

In fine, estime Lydia Boussour, « certes, la tolérance des consommateurs à une inflation élevée continuera d’être mise à l’épreuve, mais la hausse des dépenses en mars […] constitue un solide relais […] pour la croissance du PIB au deuxième trimestre ».  

« Une croissance robuste des revenus du travail, des niveaux record de richesse des ménages et un excédent d’épargne important suggèrent que les dépenses de consommation devraient rester bien soutenues », a-t-elle également commenté.