L’appétit pour les minéraux critiques, essentiels dans la fabrication de produits électroniques et de batteries pour les véhicules électriques, incite Ottawa à financer une nouvelle stratégie. Certaines voix estiment que cette stratégie arrive tardivement.

Environ 1,7 milliard est prévu dans le budget de la ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, au cours des cinq prochains exercices pour financer une multitude de projets. Le gouvernement Trudeau introduit également un nouveau crédit d’impôt de 30 % pour les dépenses d’exploration de minéraux critiques.

Le lithium, le graphite et le cobalt sont au cœur de la stratégie. On retrouve aussi le cuivre, le titane, le zinc, le magnésium et le niobium. Les minéraux figurant sur la liste sont prisés dans des secteurs comme les télécommunications, l’aérospatiale, le domaine médical ainsi que l’électrification des transports.

« Ce plan va créer des milliers de bons emplois et contribuera à fournir au Canada et à nos alliés les minéraux et les métaux essentiels dont notre économie a besoin », a plaidé Mme Freeland, en conférence de presse.

Le Québec avait annoncé une stratégie de valorisation des minéraux critiques à l’automne 2020. Le gouvernement Trudeau attribue son plan à la complexité des projets miniers et des ressources financières pour les réaliser.

Dans l’industrie automobile, les constructeurs doivent encore se tourner vers l’Asie pour obtenir les matériaux nécessaires à la fabrication des batteries. À l’instar du Québec, Ottawa tente de se tailler une place dans la chaîne d’approvisionnement nord-américaine de l’automobile.

Au total, le plan d’Ottawa propose 3,8 milliards échelonnés sur huit ans. Toutefois, les détails entourant le financement de la stratégie après 2026-2027 ne sont toujours pas connus.

Le Conseil canadien des affaires, qui représente les dirigeants des plus importantes entreprises au pays, a salué l’intention du gouvernement Trudeau, mais estime que le plan arrive tardivement. Son premier vice-président aux politiques publiques, Robert Asselin, affirme qu’il y a du rattrapage à faire, alors que les États-Unis et la Chine ont déjà une bonne longueur d’avance.

« C’était souhaitable, il faut être positif, affirme-t-il. Je trouve que le principal défi se trouve au chapitre des approbations réglementaires. Au Canada, nous ne sommes pas rapides. On parle d’une stratégie qui va s’échelonner sur une décennie. »

Le gouvernement Trudeau estime que son crédit d’impôt ainsi que l’argent prévu dans sa stratégie joueront un rôle d’accélérateur dans un marché où les entreprises minières sont déjà bien établies. Selon les données gouvernementales, on retrouvait quelque 1170 entreprises inscrites à la Bourse de Toronto ainsi qu’à la Bourse de croissance TSX l’an dernier.

Entre 2017 et 2021, ces entreprises ont mobilisé par moins de 45 milliards en capitaux, d’après les estimations fournies dans le budget.