(Washington) Un responsable de la banque centrale américaine a indiqué vendredi que le conflit en Ukraine l’avait poussé à préconiser un relèvement des taux d’un quart de point seulement mercredi, mais plaide pour une ou plusieurs hausses plus fortes, d’un demi-point de pourcentage, cette année.

La Fed a, mercredi, relevé ses taux pour la première fois depuis 2018, face à l’inflation.  

L’institution a opté pour une hausse prudente, en les relevant de l’habituel quart de point de pourcentage, et non d’un demi-point directement. Les taux, qui se trouvaient depuis mars 2020 dans une fourchette de 0 à 0,25 %, sont désormais situés entre 0,25 et 0,50 %.

Les données économiques, et notamment la flambée inflationniste, « nous incitent fortement à relever les taux de 50 points de base », « mais les évènements géopolitiques nous suggèrent d’avancer avec prudence », a expliqué Christopher Waller, l’un des gouverneurs de la Fed, vendredi sur la chaîne CNBC.

« Ces deux facteurs combinés m’ont poussé à ne pas préconiser une hausse de 50 points de base lors de cette réunion, et à soutenir la hausse de 25 points que nous avons adoptée », a-t-il souligné.

Mais Christopher Waller soutient que la Fed devra avoir recours à une hausse plus agressive au cours des prochaines réunions, « si nous voulons avoir un impact sur l’inflation plus tard cette année et l’année prochaine ». Cela « implique [une hausse de] 50 points de base lors d’une ou plusieurs réunions dans un proche avenir ».

D’ici fin 2022 les taux doivent tourner autour de leur niveau considéré comme « neutre », et que M. Waller situe entre 2 et 2,15 %.

Crédibilité

Et la réduction du bilan doit avoir démarré « avant » la réunion des 26 et 27 juillet, estime-t-il, c’est-à-dire être lancée au cours de la prochaine réunion, les 3 et 4 mai, ou de la suivante, les 14 et 15 juin.

La Fed va en effet se séparer petit à petit des milliards de dollars de bons du Trésor et autres actifs qu’elle a achetés depuis mars 2020, pour soutenir l’économie.

Lors du vote mercredi, seul un responsable, Jim Bullard, président de la Fed de Saint Louis, a voté contre la hausse de 0,25 point de pourcentage, se disant favorable à un relèvement plus rapide, de 0,50 point.

Une telle hausse, ainsi que la mise « en œuvre [d’] un plan de réduction de la taille du bilan de la Fed, auraient été des actions plus appropriées », a-t-il expliqué vendredi dans une déclaration écrite.

Selon lui en effet, « malgré les risques géopolitiques, l’économie américaine devrait continuer de croître en 2022 et 2023 à un rythme nettement supérieur à son taux de croissance potentiel à long terme ».

Ceci, combiné à la forte inflation, « signifie que le taux directeur du Comité est actuellement beaucoup trop bas », a-t-il ajouté, insistant sur la nécessité pour la Fed d’« agir rapidement pour remédier à cette situation ou risquer de perdre sa crédibilité sur sa cible d’inflation ».

Il pousse pour que les taux soient « supérieurs à 3 % cette année ».