(Washington) Joe Biden a annoncé mardi que les États-Unis allaient débloquer 30 millions de barils de pétrole provenant des réserves stratégiques, soit la moitié de la quantité décidée mardi par les pays membres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) avec l’objectif de stabiliser les prix qui flambent après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

« Les États-Unis ont travaillé avec 30 autres pays pour débloquer 60 millions de barils de pétrole des réserves du monde entier », a déclaré le président américain aux membres du Congrès lors de son premier discours sur l’état de l’Union.

« L’Amérique dirigera cet effort, débloquant 30 millions de barils de pétrole », a-t-il ajouté, soulignant que Washington était « prêt à faire plus, si nécessaire ».

Plus tôt, l’AIE avait souligné que la décision de débloquer 60 millions de barils des réserves stratégiques était une façon d’« envoyer un message uni et fort aux marchés pétroliers mondiaux sur le fait qu’il n’y aura pas de pénurie d’offre résultant de l’invasion russe en Ukraine ».

Selon le dernier rapport hebdomadaire de l’agence américaine d’informations sur l’énergie, les États-Unis disposaient de 582 millions de barils dans ses réserves stratégiques de pétrole.  

L’AIE, basée à Paris, a été fondée en 1974 pour assurer la sécurité d’approvisionnement de pays développés à la suite du choc pétrolier.

Elle compte 31 membres, dont les États-Unis, le Japon et de nombreux pays européens (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni…).

Chaque pays a l’obligation de détenir des réserves pétrolières d’urgence équivalentes à 90 jours d’importations. En cas de problème d’approvisionnement, ils peuvent décider de libérer ces stocks sur le marché dans le cadre d’une action coordonnée.

Ces annonces interviennent alors que les prix du baril atteignent des sommets.

Le prix du baril de pétrole de WTI américain s’est envolé de près de 5 %, et le baril de Brent, la référence européenne de l’or noir, a dépassé les 110 dollars, poussés par la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales contre Moscou.

Les deux références de l’or noir ont ainsi atteint de nouveaux sommets, à 108,64 dollars le baril pour le West Texas Intermediate (WTI), et à 110,09 dollars pour le Brent.

La Russie est le deuxième plus grand exportateur de pétrole brut au monde et représente plus de 40 % des importations annuelles de gaz naturel de l’Union européenne.

Réunion de l’OPEP mercredi

Le conflit en Europe de l’Est intervient au moment où les prix étaient déjà en train de s’envoler en raison de l’insuffisance de l’offre et d’une forte reprise de la demande dans le monde provoquée par la levée des restrictions contre la pandémie dans de nombreux pays.

Une réunion des producteurs de pétrole de l’OPEP, pendant laquelle la Russie sera présente, se tiendra mercredi. La possibilité d’augmenter la production afin de tempérer la hausse des prix y sera discutée, mais les experts doutent que ceux-ci acceptent d’ouvrir largement leurs vannes.

De leur côté, les pays membres de l’AIE disposent au total de 1,5 milliard de barils de réserves. L’annonce de mardi porte ainsi sur l’équivalent de 4 % de ces réserves, soit 2 millions de barils par jour pendant 30 jours.

Ce type d’intervention des pays de l’AIE a déjà eu lieu à trois reprises dans le passé : à l’approche de la guerre du Golfe en 1991, après la destruction d’installations pétrolières par des ouragans dans le golfe du Mexique en 2005 et lors des perturbations de l’approvisionnement causées par la guerre civile libyenne en 2011.

L’AIE a assuré qu’elle continuera de surveiller les marchés pétroliers et recommandera, si nécessaire, à ses pays membres l’utilisation de quantités « additionnelle » de pétrole issues des réserves d’urgence.