(Ottawa) Les libéraux fédéraux présenteront lundi leur premier budget depuis plus de deux ans.

Le dernier budget fédéral remonte à 2019. Depuis, le Canada a connu une campagne électorale, deux discours du Trône et les États-Unis ont élu un nouveau président. Qui plus est, une troisième vague de la COVID-19 force la province la plus populeuse du Canada à se reconfiner face à la flambée des variants.

C’est dans ce contexte de sables mouvants que la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, tentera de tracer la voie pour les mois et les années à venir.

Déjà, son gouvernement a promis de présenter un plan pour une relance économique verte et pour un Canada plus inclusif pour tous. Tout indique que la ministre Freeland annoncera des investissements importants pour la création d’un réseau national de garderies — avec un droit de retrait pour Québec.

Les provinces, elles, espèrent y voir des investissements substantiels en santé pour les aider à faire face aux coûts croissants et aux déficits récurrents qui les attendent une fois la pandémie passée.

Et les partis d’opposition, eux, devront voir s’ils donneront leur appui à ce budget qui sera soumis à un vote de confiance qui pourrait faire tomber le gouvernement et précipiter le pays en élections anticipées.

L’automne dernier, lors du dépôt de sa mise à jour économique, la ministre Freeland avait annoncé un déficit s’approchant des 400 milliards et avait annoncé le dépôt d’un plan de relance économique qui, selon l’évolution de la pandémie, se chiffrerait entre 70 et 100 milliards sur trois ans.

Depuis, des experts ont remis en doute l’utilité d’un tel plan, arguant que l’économie se porte mieux que prévu.

Parmi, eux, le directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, qui dit s’attendre à ce que le niveau d’emploi regagne le terrain perdu depuis le début de la pandémie d’ici la fin de l’année 2021, et que le taux de chômage diminue de façon constante jusqu’en 2022.

« L’amélioration des perspectives provient en bonne partie de la hausse des prix des matières premières, de la forte reprise économique aux États-Unis et de l’arrivée des vaccins efficaces un peu plus tôt qu’initialement », disait-il au moment de déposer son rapport il y a trois semaines.

« En général, l’économie est beaucoup mieux positionnée qu’elle l’était lors de sa dernière mise à jour [économique] », a opiné Robert Asselin, ancien stratège politique du chef libéral Justin Trudeau et de son ex-ministre des Finances Bill Morneau, lors d’une récente entrevue téléphonique.

Résultat : le gouvernement dispose d’un peu plus d’espace fiscal budgétaire et aura un déficit fort possiblement moins élevé que prévu.

« Ça enlève de la crédibilité à l’argument qu’il faut injecter ce 70, 100 milliards qu’on avait promis. […] Dans le fond, si l’on devait rouvrir les secteurs qui sont encore fermés, l’hôtellerie, la restauration, un peu de commerces de détail, on serait effectivement à un niveau économique aussi fort qu’en février 2020 », soutient M. Asselin, maintenant vice-président des politiques publiques du Conseil canadien des affaires.

Or, si l’on en croit le ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, le gouvernement fédéral n’a pas l’intention de reculer sur son coûteux plan de relance.

« Évidemment, on est toujours intéressés à avoir les opinions du directeur parlementaire du budget. Sa recherche, les services en termes de politiques publiques sont importants et font évidemment partie des décisions que la ministre des Finances prendra, que le Conseil des ministres considère », a-t-il dit, lors d’une conférence de presse vendredi.

« Nous avons cependant annoncé l’intention d’un programme de stimulus économique chiffré sur un pourcentage du produit brut du Canada en lien avec qu’est-ce que d’autres pays, par exemple, en Europe ont fait. Et ce sont aussi des recommandations d’autres économistes […] à travers le Canada et à travers le monde », a soutenu le ministre LeBlanc.