(Ottawa) La réponse fédérale à la pandémie devrait porter le déficit à 363,4 milliards, selon le directeur parlementaire du budget (DPB), dans sa perspective des finances publiques livrée à un peu moins de trois semaines du premier budget du gouvernement libéral en deux ans.

Dans son Énoncé économique de novembre, le gouvernement prévoyait que le déficit atteindrait 381,6 milliards pour l’exercice 2020-2021, qui s’est clôturé mercredi. Mais le gouvernement prévenait aussi que le déficit pourrait atteindre 400 milliards si des restrictions et des confinements sévères étaient nécessaires pendant les mois d’hiver.

Le budget du 19 avril devrait présenter les perspectives de déficit mises à jour du gouvernement pour les 12 derniers mois et les exercices futurs. Le rapport du DPB estime que le déficit devrait diminuer avec le temps, alors que les mesures de dépenses d’urgence devraient aussi diminuer au cours des 12 prochains mois.

L’économie se porte mieux que ce que prévoyait le DPB, un résultat qui, selon les experts, peut être attribué en partie à l’aide fédérale distribuée depuis mars et avril 2020. Le bureau d’Yves Giroux a révisé ses prévisions de croissance à partir du second semestre de cette année. Avec une économie qui se porte mieux que prévu et un déficit en baisse avec le temps, le DPB s’attend à ce que les finances fédérales deviennent viables.

M. Giroux a déclaré que l’économie pourrait également bénéficier d’un coup de pouce grâce aux mesures de relance économique promises par les libéraux — jusqu’à 100 milliards —, qui devraient être précisées dans le budget du 19 avril.

Le DPB n’a pas tenu compte de ces dépenses dans ses perspectives actualisées en raison du manque de détails sur la manière dont elles seront utilisées. Mais M. Giroux prévient que de nouvelles dépenses entraîneraient des déficits plus importants qui pourraient devenir incontrôlables si de nouveaux programmes permanents étaient financés par des déficits plus importants.

Un soutien de 330 milliards

Son rapport suggère également que tout cet argent ne sera peut-être pas nécessaire. Statistique Canada a déclaré mercredi que l’activité économique avait progressé de 0,7 % en janvier et a proposé une estimation préliminaire de la croissance de 0,5 % pour février, suggérant que des entreprises et des secteurs s’étaient relativement adaptés aux restrictions et aux confinements sanitaires.

L’économiste en chef à la BMO, Douglas Porter, croit que les dépenses des libéraux pendant la pandémie sont en partie responsables de la bonne tenue de l’économie au début de l’année.

Selon les calculs du DPB, le gouvernement aura dépensé en tout environ 330,6 milliards pour les mesures de soutien liées à la pandémie jusqu’en 2024-2025, dont 104,6 milliards pour la Subvention salariale d’urgence et 74,1 milliards pour la Prestation canadienne d’urgence — les deux plus importantes portions des dépenses.

Le porte-parole conservateur en matière de finances, Ed Fast, a soutenu mercredi que toutes ces dépenses avaient été faites sans « aucune surveillance ou examen parlementaire significatif », le gouvernement libéral n’ayant pas déposé de budget en 2020.

Les libéraux ont promis de dépenser entre 70 et 100 milliards sur trois ans en incitatifs. Pour l’économiste de la BMO, les perspectives pour le pays sont toujours embourbées dans l’incertitude : il est donc raisonnable qu’Ottawa soit prêt à dépenser encore beaucoup pour soutenir l’économie au cours des 12 prochains mois, a déclaré M. Porter. « Je présume qu’en 2022 et au-delà, ce type de soutien fiscal ne sera plus nécessaire », a-t-il déclaré.

Le DPB s’attendait à ce que l’emploi atteigne son niveau d’avant la pandémie d’ici la fin de cet exercice et que le taux de chômage baisse régulièrement pour revenir à son niveau d’avant la pandémie en 2023 ou un peu après. L’amélioration des conditions serait due à une reprise plus forte aux États-Unis et à une arrivée plus rapide que prévu des vaccins des deux côtés de la frontière.

Selon Trevin Stratton, économiste en chef à la Chambre de commerce du Canada, les perspectives à court terme suggèrent que les dépenses de relance ne seront probablement pas nécessaires pour favoriser la croissance. Il croit que le budget du 19 avril devrait se concentrer sur des mesures pour inciter les entreprises à investir, ce qui augmenterait les salaires et le nombre d’emplois, aiderait les entreprises à être concurrentielles à l’échelle internationale et éliminerait les obstacles au commerce interprovincial.