Aider les entreprises à trouver les façons de devenir plus vertes, investir en capital de risque pour développer de nouveaux marchés, instaurer un moratoire sur le remboursement de capital pour quatre ans, tout cela avec un financement promis de 375 millions dans les trois prochaines années. Le programme Compétivert annoncé vendredi par Investissement Québec (IQ) a été résumé par le premier ministre François Legault par une simple formule : « Plus de richesse, moins de GES. »

C’est loin d’être une nouveauté pour IQ de financer les initiatives vertes des entreprises, reconnaît en entrevue son PDG, Guy LeBlanc. Une pleine section du site internet de l’organisme y est consacrée. « L’an dernier, on était aux alentours de 60 à 80 projets pour environ 80 à 90 millions, rappelle-t-il. De passer à 125 millions par année, c’est une augmentation qui est importante. On parle de 375 millions sur trois ans, mais il s’agit d’un plancher. Si on double, triple ou quadruple cette somme, je n’en serai que plus satisfait. »

Il s’agit de la somme qu’investira IQ à même ses fonds propres, précise-t-il, ce qui exclut la participation d’autres partenaires et des entreprises concernées. « L’impact sera encore plus grand. C’est notre contribution minimale à la cause. »

Investir dans le risque

Si leurs projets liés à des technologies propres, à l’électrification ou à des pratiques écoresponsables sont acceptés, les entreprises participantes pourront profiter d’un moratoire sur le remboursement du capital pouvant aller jusqu’à 48 mois. Un tout nouveau volet, celui du capital de risque, sera offert aux entreprises « en démarrage et post-démarrage qui ont réalisé des ventes à la suite d’une preuve de concept », a expliqué lors du lancement en ligne Sylvie Pinsonnault, première vice-présidente, stratégies et solutions d’affaires, à IQ. Ce capital de risque sera géré de concert avec des partenaires déjà existants comme Cycle Capital et sa fondatrice, Andrée-Lise Méthot, ainsi que l’entrepreneur-investisseur Martin Lussier, tous deux présentés lors de l’annonce.

« L’économie verte crée et va créer des opportunités d’affaires incroyables, a déclaré Mme Pinsonnault. 23 000 milliards d’ici 2030, c’est énorme. On souhaite que les entreprises soient conscientes que la productivité durable, c’est aussi la rentabilité, parce que ça amène une réduction des coûts. »

Sensibilisation et standards

Mais la « grande différence » de Compétivert par rapport aux initiatives précédentes d’IQ, pour son PDG, c’est son volet d’accompagnement qui sera offert aux entreprises. On offrira un « diagnostic de performance environnementale industrielle », élaboré par des experts techniques de la société d’État et analysant les procédés industriels utilisés. Ils dresseront ensuite une liste d’actions et de projets verts et offriront un soutien à l’exportation.

« Auparavant, on offrait des solutions financières, note M. LeBlanc. Elles sont encore là, mais il y a maintenant l’accompagnement technologique et, ça, c’est majeur. »

IQ elle-même s’est engagée par ailleurs à revoir ses standards d’investissement. D’ici le 1er avril 2022, promet-on, toutes ses interventions tiendront compte des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance. « On s’engage également dans une démarche pour intégrer les recommandations du Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques [GIFCC], a déclaré M. LeBlanc. Fixer des cibles de réduction de l’intensité carbone de notre portefeuille fera aussi partie de cette démarche. »

Compétivert proposera également un volet de sensibilisation auprès des entreprises, avec campagnes et classes de maître, pour les convaincre des vertus du virage vert. « Plus que jamais, dans les prochaines années, l’environnement va nourrir l’économie, a déclaré Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation. Avec la relance économique, il va certainement y avoir plusieurs défis, mais aussi de grandes occasions. Il faut saisir celles de construire une économie plus performante, plus durable et, surtout, plus verte. »