(Montréal) Une nouvelle plateforme transactionnelle en ligne dont l’objectif est de mousser l’achat local et d’offrir aux commerçants québécois une solution de rechange aux géants comme Amazon devrait voir le jour d’ici l’automne, mais on y proposera tout de même des produits fabriqués à l’étranger.

Lancé en avril dernier sous la forme d’un bottin en ligne, le Panier bleu pilotera la première phase de ce chantier dans le cadre d’un investissement conjoint de 600 000 $ effectué par le Mouvement Desjardins et la Banque Nationale et d’une somme de 300 000 $ du Panier bleu visant à « jeter les bases de cette initiative ».

Ce projet s’inscrit dans le cadre du dévoilement des 49 recommandations du rapport de 237 pages émanant du Panier bleu sur les chantiers entourant l’avenir du commerce de détail au Québec, qui se penche sur des enjeux comme l’origine des produits, la logistique et le transport. Les travaux avaient débuté l’été dernier.

Alors que la pandémie de COVID-19 propulse les habitudes d’achats en ligne des consommateurs, la première phase devrait paver la voie à la forme que prendra la plateforme en ligne, qui pourrait avoir sa propre adresse virtuelle. Des appels d’offres seront ensuite lancés afin que le secteur privé soit en mesure de prendre les rênes de cette initiative, dont la facture sera de plusieurs millions de dollars, et assurer le financement des investissements nécessaires.

Il faudra également encore patienter avant de connaître la définition exacte de ce qui est considéré comme un produit québécois.

« Est-ce que c’est préférable d’acheter un téléphone intelligent, une télévision, chez un commerçant ou une plateforme internationale ou de l’acheter chez un commerçant québécois », a expliqué le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, au cours d’une visioconférence à laquelle participait également le directeur général du Panier bleu, Alain Dumas.

Pour sa part, le directeur général du Panier bleu a expliqué que pour offrir une option à des plateformes comme celles d’Amazon ou de Walmart, où les « gens trouvent de tout », il faut « mettre des produits de toutes les provenances ».

Autrement, la nouvelle plateforme ne sera qu’un « à côté », a-t-il fait valoir.

« Notre objectif est de mettre en place des outils, par exemple des filtres, pour encourager la proximité, pour diriger le consommateur qui souhaite encourager (un détaillant) québécois à retrouver plus facilement les produits québécois et les commerçants du Québec », a dit M. Dumas.

Plusieurs chantiers

Le développement d’une identification québécoise fera donc partie des principaux chantiers des partenaires dans la première phase. La mise en place d’un panier d’achats commun aux participants, la logistique entourant la livraison ainsi que la protection et l’utilisation des données personnelles ont été identifiées comme les autres « piliers ».

Lors d’une séance de breffage technique, M. Dumas a reconnu qu’il faudrait clarifier la notion de ce qu’est un produit québécois. Il pourrait par exemple y avoir des « teintes » pour un produit fabriqué au Québec avec ou sans matière première locale. Le directeur général de l’organisme a prôné une approche par secteur.

En faisant remarquer que l’on retrouvait environ 2500 commerçants dans l’outil de recherche du Panier bleu, M. Dumas a dit avoir espoir d’en compter autant sur la nouvelle plateforme transactionnelle.

Selon Francine Rodier, de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM et qui se spécialise entre autres dans le secteur du commerce de détail, le projet ne « peut pas nuire », surtout pour les plus petits commerçants aux ressources limitées et pour ceux qui ont tardé à prendre le virage en ligne.

« Ce dont les PME ont besoin pour se relever, c’est de l’aide dans des compétences qu’elles ne maîtrisent pas, a-t-elle observé en entrevue. D’autres détaillants, comme la Maison Simons, sont déjà bien présents en ligne. Est-ce qu’ils vont bénéficier de cette nouvelle plateforme ? Peut-être. »

Artisans Canada, qui propose des créations d’artisans et de designers, québécois et canadiens, dans ses boutiques notamment situées dans le Vieux-Québec et le Vieux-Montréal, a accueilli favorablement l’annonce.

Depuis le début de la pandémie, l’entreprise familiale, qui mise grandement sur la clientèle touristique, avait mis en ligne un site transactionnel, mais la stratégie avait des limites puisque les affaires tournent au ralenti, a souligné sa directrice générale, Maude Vaillancourt, au cours d’un entretien téléphonique.

« Nous voulons investir dans le site, mais il y a des restrictions budgétaires, a-t-elle dit. Tout ce qui peut nous aider à nous faire connaître sans trop dépenser aide grandement actuellement. »