(Washington) La Réserve fédérale américaine a entamé mardi sa dernière réunion de politique monétaire de l’année 2021, avec en ligne de mire la maîtrise de l’inflation désormais vertigineuse, un embarras pour Joe Biden.

Face à la montée généralisée des prix aux États-Unis, le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell a reconnu récemment devant le Congrès que la poussée inflationniste ne pouvait plus être considérée comme « transitoire ».  

Il a annoncé que le Comité monétaire allait par conséquent plancher sur l’accélération du rythme de réduction du programme de rachats d’actifs (« tapering ») qui, une fois ramené à zéro, permettra d’augmenter les taux directeurs pour tenter de contenir l’inflation.

La rencontre du comité de politique monétaire (FOMC) « a commencé à 9 h comme prévu », a indiqué un porte-parole de la Fed.

Elle s’achèvera mercredi à la mi-journée. Un communiqué, comprenant les nouvelles prévisions économiques, sera publié à 14 h avant la conférence de presse très attendue du président, la première depuis qu’il a été reconduit à ses fonctions par Joe Biden.  

La réduction d’achat d’actifs a démarré en novembre et devait initialement être achevée en juin prochain.

Mais la poussée inflationniste qui affecte durement les ménages, en particulier les plus modestes, contraint la Fed à passer à la vitesse supérieure. Certains économistes ont évoqué une fin de programme dès mars.

En novembre, l’inflation s’est accélérée à 6,8 % comparé à novembre 2020, le plus haut niveau depuis juin 1982.

Elle affecte durement les foyers les plus modestes, a reconnu Joe Biden, qui a promis de tout mettre en œuvre pour inverser la courbe des prix.

En baisse dans les sondages, le président démocrate est sous le feu des critiques des républicains et d’une partie de son camp qui l’accusent d’avoir alimenté les prix en injectant trop d’argent dans l’économie via ses gigantesques plans de relance.

Mercredi, les yeux seront toutefois rivés sur la Fed et les mesures qu’elle compte prendre pour enrayer l’inflation.

La tâche est délicate, car relever les taux directeurs présente un risque majeur : arrêter nette la croissance qui a déjà ralenti à l’automne en raison du variant Delta.

Risque pour la croissance ?

Jusqu’alors, la Fed rechignait à les relever trop tôt de peur de pénaliser le marché de l’emploi, dont la reprise s’est révélée plus chaotique que prévu.  

En septembre, lors des dernières prévisions, l’institution prévoyait ainsi une seule hausse des taux directeurs en 2022.

Elle avait alors abaissé sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour 2021 : +5,9 %, contre 7 % en juin. La prévision d’inflation avait, elle, été relevée à 4,2 % contre 3,4 % auparavant.

Certains économistes misent désormais sur trois relèvements de taux en 2022 et trois supplémentaires en 2023.

Les commentaires du président de la Fed, Jerome Powell seront décortiqués dans leurs moindres détails.

Celui-ci a souligné récemment que la Fed devait faire preuve d’adaptabilité compte tenu de la situation économique délicate.

« Vous constatez que nous ajustons notre politique et vous verrez que nous continuerons à le faire », a-t-il assuré, mettant aussi en avant l’incertitude liée à la pandémie.

La propagation rapide du variant Omicron, qui a poussé certains pays à réimposer des restrictions, pourrait compliquer encore le travail de la banque centrale.  

« Omicron a clairement ajouté un énorme nuage d’incertitude sur les perspectives de l’économie dans les mois à venir alors que de nombreux pays se préparaient à un resserrement de la politique monétaire », a déclaré l’analyste Craig Erlam d’Oanda.