(Ottawa) Les libéraux de Trudeau sont sur le point de dévoiler une mise à jour sur la santé des finances fédérales et ses perspectives pour l’économie tout en faisant face à des demandes concurrentes en matière de prestations, d’impôts et de croissance économique.

C’est un défi de taille pour un document qui, selon le ministère des Finances, n’inclura pas une multitude de nouveaux postes de dépenses.

Le gouvernement a exposé ses principales priorités dans le budget du printemps, comme un système national de garderies, a rappelé David Macdonald, économiste principal au Centre canadien de politiques alternatives.

D’un point de vue politique, le gouvernement n’a pas beaucoup de temps avant la période des Fêtes pour promouvoir de nouvelles mesures majeures, a estimé M. Macdonald. Le gouvernement attendra probablement le budget de l’année prochaine pour toute proposition de dépenses importantes.

« Je ne pense pas qu’il y aura beaucoup de nouvelles politiques, malgré le fait que nous venons d’avoir des élections, a dit M. Macdonald. Il y aura probablement très peu de choses là-dedans, sauf que les chiffres du déficit sont probablement plus petits. »

Le gouvernement a prédit que le déficit pour l’exercice précédent serait de 354,2 milliards et de près de 155 milliards cette année. Mais les livres fédéraux pourraient avoir jusqu’à 10 milliards d’espace budgétaire supplémentaire grâce à la hausse des prix du pétrole, qui a également contribué à faire grimper les taux d’inflation.

Les taux d’inflation, qui ont atteint des sommets en 18 ans, ainsi qu’une forte croissance de l’emploi et de l’économie nationale, pourraient amener le gouvernement à assouplir ses plans de dépenses, a déclaré Stephen Brown, économiste principal pour le Canada chez Capital Economics.

Dans un rapport, M. Brown a écrit que les dépenses supplémentaires semblent plus susceptibles de faire grimper l’inflation au moment où des changements entrent en vigueur.

« Il sera plus intéressant de voir si le gouvernement donne suite à sa myriade de propositions politiques pour le marché du logement, qui incluaient une interdiction d’achat par des investisseurs étrangers », a-t-il souligné.

La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a laissé entendre cette semaine que le document donnerait un aperçu de la trajectoire du déficit de cette année et un compte rendu des nouvelles propositions d’aide que le gouvernement a estimé à 7,4 milliards.

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La ministre des Finances, Chrystia Freeland

Certains de ces calculs ont à voir avec l’effet que le variant Omicron peut avoir sur le nombre de cas, et tout besoin ultérieur de resserrer les mesures de santé publique ou d’imposer des confinements pour ralentir la propagation du virus.

La présidente du Congrès du travail du Canada, Bea Bruske, a exhorté la ministre Freeland à utiliser la mise à jour économique pour dépenser davantage en avantages sociaux, affirmant dans un communiqué qu’il y a encore des milliers de travailleurs qui sont confrontés à une incertitude financière à cause de la COVID-19.

Elle a également suggéré que le gouvernement pourrait utiliser la mise à jour économique pour décrire ses changements proposés au système d’assurance-emploi, dont les lacunes connues de longue date ont été mises à jour par la pandémie.

« La mise à jour économique doit indiquer clairement que le gouvernement fédéral est prêt à faire des investissements pour rendre la vie plus abordable et garantir que les services essentiels, comme l’assurance-emploi, sont là pour les gens lorsqu’ils en ont besoin », a déclaré Mme Bruske.

Les comptables professionnels agréés du Canada ont suggéré vendredi que le gouvernement pourrait utiliser la mise à jour pour détailler les propositions fiscales précédemment annoncées qui devraient entrer en vigueur l’année prochaine, notamment une sur l’achat de voitures de luxe, d’avions et de yachts, et une autre sur les maisons vacantes appartenant à des étrangers.

« Certains des changements sont censés s’appliquer dans moins d’un mois, a dit Bruce Ball, vice-président, fiscalité, chez CPA Canada. Nous recherchons des éclaircissements sur la façon dont cela va se passer et également des délais raisonnables pour permettre la consultation sur les choses qui sont encore très conceptuelles et […] du temps pour que les entreprises s’adaptent. »