(Washington) Confronté à une brutale remontée de l’inflation, le président Joe Biden a demandé mercredi à l’autorité américaine de la concurrence de se pencher sur le comportement « éventuellement illégal » des compagnies pétrolières dont les prix de l’essence à la pompe grimpent en flèche.

La Maison-Blanche a demandé dans une lettre à la présidente de la Federal Trade Commission (FTC), Lina Khan, de « porter son attention sur des signes de plus en plus évidents de comportements nuisibles aux consommateurs de la part des entreprises de pétrole et de gaz ».

« La FTC a l’autorité pour examiner s’il y a des agissements illégaux qui coûtent aux budgets des familles à la pompe. Je crois que vous devriez vous y mettre tout de suite », a écrit Joe Biden.

Son administration fait face au mécontentement grandissant des Américains par rapport à l’inflation, notamment tirée par la hausse des prix énergétiques.

Joe Biden souligne que bien que les prix de l’essence à la pompe aient continué de progresser, « les coûts des raffineurs et industriels du pétrole ont baissé et leurs profits ont augmenté ».

Il dénonce « un fossé inexpliqué » entre le prix de l’essence non-finie et son prix à la pompe.

« Je n’accepte pas que les Américains qui travaillent dur paient plus cher pour le carburant à cause de comportements enfreignant les règles de la concurrence ou éventuellement illégaux », ajoute la lettre du président.

« Je demande donc à la Commission d’examiner plus avant ce qui se passe avec les marchés du pétrole et du gaz », a-t-il écrit.

Le prix du gallon d’essence à la pompe (3,78 litres) a pris plus d’un dollar depuis un an pour se situer à 3,41 dollars en moyenne au niveau national, selon l’Association automobile américaine (AAA).  

Des records depuis 20 ans ont été atteints cette semaine en Californie, à 4,69 dollars.

L’inflation persistante aux États-Unis devient un défi pour le gouvernement alors que les prix ont augmenté de 0,9 % en octobre. Elle culmine à 6,2 % sur douze mois, un plus haut depuis 1990.

Interrogée, la FTC s’est refusée à commenter ses enquêtes, mais le porte-parole Peter Kaplan a déclaré à l’AFP : « La FTC est préoccupée par ce problème et nous l’examinons ».

« Distraction »

En réponse à une demande précédente de Joe Biden au cours de l’été en rapport avec les prix des carburants, la présidente de la FTC, Lina Khan, s’était engagée à enquêter sur toute collusion qui pourrait alimenter l’inflation, ainsi qu’à examiner de plus près les fusions dans l’industrie qui réduisent la concurrence.

En juin, le régulateur a ordonné à 7-Eleven et Marathon Petroleum de vendre près de 300 stations-service, estimant que leur fusion de 21 milliards de dollars enfreignait les règles antitrust en laissant des centaines de communautés sans alternatives pour acheter du carburant.

Les cours du brut ont fléchi fortement mercredi, le baril de West Texas Intermediate (WTI), variété de référence aux États-Unis, perdant 2,97 % à 78,36 % dollars.

Le marché était aussi lesté par le renforcement du dollar et la crainte que l’administration Biden ne libère sur le marché une partie de ses réserves stratégiques de pétrole pour faire baisser les prix.

Pour Patrick De Haan, responsable des analyses pétrolières pour le site populaire GasBuddy, la volatilité des prix du brut empêche les compagnies pétrolières de répercuter leurs baisses de coûts. « Je pense que le président essaye simplement d’introduire un angle positif […] en affirmant qu’il va prendre le contrôle de la situation », a-t-il dit.

L’organisation professionnelle American Petroleum Institute (API) a qualifié l’initiative de Joe Biden de « distraction » et a blâmé « des décisions gouvernementales malavisées qui exacerbent cette situation difficile », selon son vice-président Frank Macchiarola.

Joe Biden a demandé à la FTC de « faire appel à tous les outils de la commission si un acte répréhensible (était) découvert ».