(Ottawa) L’économie canadienne a créé des dizaines de milliers d’emplois le mois dernier, ce qui a permis de ramener le taux de chômage national à son plus bas niveau depuis le début de la pandémie, alors même que les économistes préviennent que les prochains gains pourraient devenir de plus en plus difficiles à réaliser.

L’ajout de 31 000 emplois a permis au taux de chômage de s’établir à 6,7 %, alors qu’il était de 6,9 % en septembre, enregistrant ainsi son cinquième recul mensuel d’affilée, a précisé vendredi Statistique Canada.

Selon l’agence fédérale, le taux de chômage aurait été de 8,7 % en octobre, contre 8,9 % en septembre, si elle n’avait pas exclu de ses calculs les Canadiens qui voulaient travailler, mais n’étaient pas à la recherche d’un emploi.

Les économistes Nathan Janzen et Claire Fan, de la Banque Royale, ont souligné dans une analyse que le taux de chômage restait supérieur au taux à long terme d’environ 6,0 %, ce qui suggère que moins de 200 000 travailleurs sont disponibles.

Cela fait en sorte qu’il sera difficile de pourvoir les quelque 900 000 postes vacants actuels, a souligné Leah Nord, directrice principale des stratégies de main-d’œuvre pour la Chambre de commerce du Canada. Cette tâche sera plus difficile que de récupérer les 3 millions d’emplois perdus au début de la pandémie, ce que le pays a terminé de faire en septembre, a-t-elle précisé.

« Nous voulons juste en finir avec cela, mais cela ne se produira pas », a-t-elle affirmé. « Ça n’aura pas lieu avant longtemps. »

Des gains ont été observés dans un certain nombre d’industries, notamment le secteur de la vente au détail, durement touché par la pandémie. Celui-ci a créé 72 000 emplois en octobre, ce qui, selon Statistique Canada, a ramené l’industrie à ses niveaux d’avant la pandémie pour la première fois depuis mars.

Quelques-unes de ces progressions ont cependant été contrebalancées par des baisses ailleurs, comme dans les services d’hébergement et de restauration, où il s’agissait du deuxième recul mensuel de suite. L’économiste Sri Thanabalasingam, de la Banque TD, a suggéré que cela était en partie lié à la remise en place des restrictions sanitaires en Alberta.

De son côté, l’économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter, a estimé que cette baisse pouvait également signaler de nouveaux vents contraires à l’embauche pour les bars et les restaurants.

Statistique Canada a signalé que la moitié des travailleurs qui avaient perdu leur emploi dans cette industrie entre août et octobre étaient revenus dans le secteur, le reste ayant migré vers d’autres secteurs, ce qui correspond à peu près aux tendances d’avant la pandémie.

Pas de « grande démission » au Canada

Sur l’ensemble du marché du travail, près de 7 chômeurs sur 10 qui sont retournés au travail en 12 mois ou moins sont restés dans le même secteur, ce qui, là aussi, était conforme aux tendances d’avant la pandémie.

Les données ne suggèrent aucun signe d’une « grande démission » au Canada, a noté Behnoush Amery, économiste principal au Conseil de l’information sur le marché du travail, mais plutôt des problèmes plus propres à certains, en particulier dans les industries de services à contacts physiques plus étroits, comme celui des services d’hébergement et de restauration.

Il semble qu’il y ait beaucoup de roulement et d’ajustements dans ce secteur, pour lesquels nous n’avons pas encore de portrait complet.

Behnoush Amery, économiste principal au Conseil de l’information sur le marché du travail

Les salaires moyens dans le secteur ont été pour la plupart stables, peut-être parce que les employeurs surveillaient ce qu’il adviendrait des programmes d’aide fédéraux, a estimé Brendon Bernard, économiste principal chez Indeed.

Les programmes d’aide du gouvernement fédéral ont expiré à la fin d’octobre, et l’aide aux entreprises est désormais limitée aux entreprises les plus durement touchées.

Le rapport sur l’emploi a noté également une baisse du travail indépendant, mais suggère que certains de ces emplois ont migré vers des postes plus permanents et plus demandés, comme dans le secteur des services professionnels, scientifiques et techniques.

En outre, le nombre de chômeurs de longue durée au Canada – ceux qui sont sans emploi depuis au moins six mois – a peu changé en octobre, restant à près de 380 000, a précisé Statistique Canada.

Au Québec, le nombre d’emplois est demeuré essentiellement stable, ne reculant que de 300, et le taux de chômage a diminué à 5,6 %, après avoir été de 5,7 % en septembre.

Ailleurs au pays, l’emploi a augmenté en Ontario et au Nouveau-Brunswick, tandis qu’il a diminué au Manitoba et en Saskatchewan. Quelque 37 000 emplois ont été créés en Ontario, où le taux de chômage a diminué de 0,3 point, à 7,0 %.

Dans les Maritimes, le taux de chômage est passé de 9,3 % à 9,1 % au Nouveau-Brunswick et de 11,3 % à 9,1 % à l’Île-du-Prince-Édouard. Il a augmenté de 0,3 point en Nouvelle-Écosse, pour atteindre 8,3 %.