« On va être beaucoup plus opportunistes et vendre seulement quand les prix sont élevés », a expliqué le chef de la direction financière

La sécheresse qui sévit cette année a fait baisser considérablement le niveau d’eau dans les réservoirs d’Hydro-Québec, qui devra mettre la pédale douce sur les exportations au cours des prochains mois.

« On va être beaucoup plus opportunistes et vendre seulement quand les prix sont élevés », a expliqué vendredi Jean-Hugues Lafleur, vice-président exécutif et chef de la direction financière d’Hydro-Québec, à l’occasion de la publication des résultats du deuxième trimestre.

« On avait trop d’eau en début d’année, ce qui faisait en sorte qu’on tapait les marchés, peu importe le prix », explique Jean-Hugues Lafleur. Avec la grande sécheresse de cette année, Hydro-Québec prévoit d’être moins active sur les marchés d’exportations le temps que ses réservoirs se remplissent.

L’augmentation des exportations et le retour à la normale de l’économie québécoise ont permis à Hydro-Québec de quadrupler ses profits des mois d’avril, mai et juin, comparativement à la même période l’an dernier.

La société d’État affiche un bénéfice net de 352 millions pour les mois d’avril, mai et juin, comparativement à 80 millions au deuxième trimestre de 2020, qui marquait le début du grand confinement. En 2019, année plus normale, le profit du deuxième trimestre avait atteint 264 millions.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Le siège social d’Hydro-Québec, boulevard René-Lévesque, à Montréal

La mise en place de mesures sanitaires strictes l’an dernier avait eu un impact important la performance financière d’Hydro-Québec, a rappelé Jean-Hugues Lafleur.

Cette année, les très bons résultats du premier semestre nous permettent d’envisager les mois à venir avec optimisme.

Jean-Hugues Lafleur, vice-président exécutif et chef de la direction financière d’Hydro-Québec

Les ventes totales d’électricité, sur le marché québécois et sur les marchés d’exportation, ont atteint un record, à près de 110 térawattheures, a souligné M. Lafleur.

Augmentation de la demande

Au Québec, la demande d’électricité a augmenté dans toutes les catégories de clientèle. « La reprise des activités économiques et la poursuite du télétravail pour bon nombre d’employés ont conduit à une croissance de la demande de la clientèle d’affaires et du secteur résidentiel », explique la société d’État.

Le printemps chaud a aussi fait augmenter les exportations d’électricité sur les marchés limitrophes.

On a commencé l’année avec des réservoirs pleins, ce qui nous a permis d’exporter davantage.

Jean-Hugues Lafleur, vice-président exécutif et chef de la direction financière d’Hydro-Québec

En volume, les ventes à l’exportation ont atteint 18,5 térawattheures, soit tout près du record historique établi en 2018. Le prix moyen obtenu, soit 4,2 cents par kilowattheure exporté, est toutefois plus bas que celui du trimestre précédent qui était de 4,5 cents le kilowattheure.

Actuellement, alors que les climatiseurs tournent à plein régime, les prix sont très bons sur les marchés d’exportation, soit autour de 8 cents le kilowattheure, a précisé le vice-président d’Hydro. L’électricité québécoise est vendue surtout dans les États de la Nouvelle-Angleterre, à New York et en Ontario.

Après les six premiers mois de l’année en cours, les profits d’Hydro-Québec sont de 1,9 milliard, en hausse de 388 millions par rapport à la même période l’an dernier. L’objectif de bénéfice net pour 2021, fixé à 2,7 milliards, sera vraisemblablement dépassé, a indiqué Jean-Hugues Lafleur.

Ce retour à la normale de la rentabilité d’Hydro-Québec, amorcé au trimestre précédent, indique que la pandémie n’a pas eu un impact aussi négatif que prévu. Hydro-Québec s’attendait à une vague de faillites qui n’est pas arrivée.

La provision pour comptes impayés, qui avait été augmentée de 90 millions à 160 millions l’an dernier, a été ramenée à son niveau prépandémie, a indiqué M. Lafleur. « Les clients paient leurs factures », a-t-il dit.

La baisse des taux d’intérêt a contribué à l’augmentation des profits d’Hydro-Québec. Depuis le début de l’année, les frais financiers sont en baisse de 124 millions.