(Washington) Le Fonds monétaire international a annoncé mercredi qu’il suspendait les aides en faveur de l’Afghanistan en raison de l’incertitude entourant le statut des dirigeants à Kaboul après la prise de contrôle du pays par les talibans.

« Comme toujours, le FMI est guidé par les vues de la communauté internationale », a indiqué une porte-parole à l’AFP. « Il y a actuellement un manque de clarté au sein de la communauté internationale concernant la reconnaissance d’un gouvernement en Afghanistan, en conséquence de quoi le pays ne peut pas accéder aux DTS (droits de tirage spéciaux, NDLR) ou à d’autres ressources du FMI ».

Le FMI compte 190 pays membres et ils sont divisés sur l’Afghanistan.

Après deux décennies passées à tenter de vaincre les talibans, les puissances occidentales sont confrontées au choix difficile d’établir ou non des relations avec le groupe fondamentaliste qui gouverne désormais l’Afghanistan.

Le Canada a d’ores et déjà annoncé qu’il ne reconnaîtrait pas les talibans. La France a, de son côté, listé cinq conditions préalables.

La Russie, la Chine et la Turquie ont, elles, salué les premières déclarations publiques des insurgés.

Le FMI devait verser une dernière tranche d’aide à Kaboul dans le cadre d’un programme approuvé le 6 novembre 2020 d’un montant total de 370 millions de dollars.

Ce programme s’étalant sur 42 mois (trois ans et demi) avait donné lieu à un décaissement immédiat de 115 millions de dollars.

Une seconde tranche d’aide d’un montant de 149,4 millions de dollars avait été versée début juin, à l’issue d’un premier examen de l’avancée du programme.

Il restait quelque 105,6 millions de dollars à verser dans le cadre de ce plan d’aide, accordé au titre de la facilité élargie de crédit dont l’objectif était de soutenir l’économie durement affectée par la pandémie de COVID-19.

Le président de la Banque centrale afghane, Ajmal Ahmadi, qui a quitté le pays dimanche, a par ailleurs indiqué mercredi que Kaboul devait recevoir le 23 août prochain environ 340 millions de dollars de la part du FMI au titre de l’émission de nouveaux droits de tirages spéciaux.

« Je ne sais pas si cette allocation se poursuivra », avait-il alors indiqué dans un tweet.

Les DTS ne sont pas une monnaie et n’ont pas d’existence matérielle. Leur valeur repose sur un panier de cinq grandes monnaies internationales : le dollar, l’euro, la livre, le renminbi ou yuan, et le yen.

Et une fois émis, les DTS peuvent être utilisés soit en monnaie de réserve qui permet de stabiliser la valeur de la monnaie intérieure, soit convertis dans des monnaies plus fortes afin de financer des investissements.  

L’Afghanistan, ultra dépendant de l’aide internationale, est un des pays les plus pauvres du monde.

L’autre institution de Washington, la Banque mondiale mène une vingtaine de projets de développement en cours en Afghanistan et a fourni 5,3 milliards de dollars depuis 2002, principalement sous forme de subventions.  

L’avenir de ces programmes n’était pas clair mercredi alors que la Banque s’efforce d’extraire son personnel du pays.  

Une note interne adressée au personnel de la Banque mondiale obtenue par l’AFP indique que « la direction travaille 24 heures sur 24 pour organiser une évacuation urgente de notre personnel et des membres de leur famille ».

Pendant ce temps, le spécialiste des mandats Western Union a annoncé qu’il coupait temporairement les virements vers l’Afghanistan, une autre source d’argent vitale pour la population.