Alors que les restrictions sanitaires s’assouplissent et que de plus en plus de gens sont vaccinés, de nombreux Canadiens sont impatients de rattraper le temps perdu en ce qui concerne leurs dépenses.

L’expression « dépenses de revanche » fait son chemin, laissant entendre que certaines personnes sont désireuses de faire des folies sur des biens de consommation ou des expériences dont ils ont été contraints de se priver l’année dernière.

Aux États-Unis, où les restrictions ont été levées plus rapidement qu’au Canada, la plupart des dépenses se font dans les salons de beauté et de manucure, les magasins d’articles de sport, les restaurants, les magasins de vêtements et les concessionnaires automobiles, selon un récent rapport de la firme TOP Data sur la reprise postpandémique.

L’expression « dépenses de revanche » était nouvelle pour Liz Schieck, planificatrice financière certifiée à la New School of Finance de Toronto, mais c’est un phénomène qu’elle connaît bien, en particulier lorsqu’elle s’entretient avec des professionnels indépendants et des travailleurs saisonniers qui subissent des fluctuations de revenus tout au long de l’année.

Chaque fois qu’une période de pénurie se termine, très souvent, c’est comme “ Woohoo, on va se gâter ! Je veux faire plein de choses amusantes ! ”. C’est une réaction naturelle au fait de ne pouvoir rien faire.

Liz Schieck, planificatrice financière

Bien que tous les groupes démographiques ressentent le besoin de célébrer et de dépenser, les jeunes en particulier peuvent être motivés par le sentiment qu’on leur a enlevé un temps précieux, a poursuivi Mme Schieck.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Une soirée de hockey pour des partisans du Canadien au restaurant La Cage du Centre Bell.

« C’est le moment où ils veulent sortir, ils veulent aller dans les bars, ils veulent aller à des concerts, ils veulent faire beaucoup de voyages et ils veulent voir leurs amis. Beaucoup de gens sont très sociables pendant cette période de leur vie, cela leur a vraiment manqué et ça a du sens. »

Allie Bly, une conseillère en emploi de 31 ans de Toronto, est impatiente de dîner avec des amis, de prendre des cocktails dans ses bars préférés, d’assister à des concerts, de visiter des musées et des galeries, et de rendre visite à ses amis et à sa famille à Ottawa une fois qu’elle aura enfin reçu sa deuxième dose du vaccin de Pfizer.

« Quand il sera plus sûr de sortir davantage, je serai certainement attentive par rapport à la possibilité de doubler mes dépenses, par exemple si je garde mes habitudes de pandémie, en dépensant plus d’argent pour l’épicerie et les achats en ligne, tout en dépensant de l’argent pour sortir ou pour des voyages », a noté Mme Bly.

« Si je faisais cela, je pourrais finir par utiliser une plus grande partie de mes économies pour couvrir ces coûts, plutôt que de conserver un petit coussin ou d’investir un certain montant. »

Plus d’occasions de sortir et célébrer

Lorsque les gens obtiennent une promotion d’emploi ou célèbrent un anniversaire ou des vacances, ils peuvent avoir tendance à dépenser davantage, mais il y a une période de fin claire à ces dépenses, a observé Avni Shah, professeure adjointe de marketing à l’Université de Toronto et chercheuse à la Rotman School of Management.

« Là où c’est un peu intéressant et un peu plus dangereux que les cas typiques, c’est quand ce n’est pas seulement lié à un évènement ponctuel », a-t-elle souligné.

Maintenant, il y a une envie pour les gens de dépenser lorsqu’ils sont complètement vaccinés, peut-être lorsqu’un conjoint est vacciné, puis lorsque chaque bon ami se fait vacciner, et ainsi de suite.

« Il y a de plus en plus d’occasions de sortir et de célébrer et ça s’étire », a affirmé Mme Shah, ce qui fait croître la probabilité d’aller un peu trop loin lors des dépenses.

Le conseil de Mme Shah est de faire des choix délibérés en matière de dépenses, en particulier lorsqu’il s’agit de biens matériels. Elle recommande de faire une liste et de se demander « qu’est-ce qui me fait le plus envie ? » alors que les mesures de confinement sont levées.

« Vaut mieux rechercher délibérément ces articles plutôt que de faire des achats impulsifs, qui peuvent entraîner des ennuis », a-t-elle ajouté.

Cette tactique peut également être appliquée aux expériences sociales et collectives, telles que des soirées entre amis.

Pour des expériences en dehors de cela, mieux vaut rechercher des options moins chères, comme un verre à l’heure de l’apéro, a-t-elle donné en exemple.

Mme Shah et Mme Schieck recommandent toutes deux de créer un budget pour déterminer exactement combien d’argent devrait être alloué aux services personnels, aux biens de consommation, aux articles coûteux (comme les voyages) ou aux expériences avec les amis, la famille ou même les connaissances.

« Ça peut être facile à oublier parce que [dépenser de l’argent pour sortir] ne fait pas partie de notre budget depuis si longtemps, à cause de la COVID », a noté Mme Shah. « Ce n’est même plus dans nos habitudes. »