(Ottawa) Les prix à la consommation ont augmenté de 3,6 % en mai par rapport au même mois l’an dernier, enregistrant ainsi leur plus forte croissance annuelle depuis mai 2011, a indiqué mercredi Statistique Canada.

En comparaison, l’inflation s’était établie à 3,4 % en avril, ce qui représentait alors sa lecture annuelle la plus forte en près d’une décennie.

Une partie de l’accélération de l’inflation globale est attribuable à la comparaison des prix avec leurs bas niveaux observés l’année dernière, au début de la pandémie de COVID-19, notamment pour l’essence, les meubles et les produits à base de bœuf.

Cependant, Statistique Canada a souligné que la comparaison avec les faibles prix de l’an dernier n’était pas le seul élément derrière la hausse des prix. D’autres facteurs ont joué un rôle, en particulier la hausse des prix du logement.

La pression à la hausse sur les prix a été exacerbée par les problèmes de la chaîne d’approvisionnement, qui ont rendu plus coûteux l’achat de maisons neuves ou de véhicules automobiles, les hausses de prix ayant été refilées aux consommateurs.

Cette augmentation des prix survient alors même que les restrictions de santé publique ont freiné l’activité dans les secteurs à contact étroit, a observé l’économiste James Marple, de la Banque TD, notant que l’accélération de l’inflation était survenue plus rapidement que les experts et la Banque du Canada ne l’avaient prévu.

Les prix devraient augmenter au cours de l’été, alors que les provinces assoupliront les restrictions de santé publique, que les entreprises chercheront à compenser la perte de revenus et que les consommateurs auront plus d’endroits pour dépenser leur argent.

« Les détaillants ont connu une période très difficile, les bars et les restaurants ont connu une période très difficile au cours de la dernière année et ils voudront rattraper une partie du terrain perdu avec des prix plus élevés », a estimé Royce Mendes, économiste principal à la Banque CIBC.

« Ils voudront répercuter ces coûts, et ce qu’il faut retenir ici est que les consommateurs ont en fait les moyens d’absorber ces coûts, peut-être comme jamais auparavant, en raison de toutes les économies réalisées pendant la pandémie. »

La Banque du Canada s’attend à ce que l’inflation oscille autour de 3,0 % au cours de l’été, avant de ralentir plus tard cette année, pour revenir vers la cible de 2,0 % de la banque centrale, lorsque les prix ne seront plus comparés à ceux observés pendant les premiers mois de la pandémie et que les problèmes de la chaîne d’approvisionnement seront résolus.

En excluant l’essence, qui affichait une hausse de 43,4 % par rapport au même mois il y a un an, l’indice des prix à la consommation aurait avancé de 2,5 % sur un an en mai.

Inflation de base aussi en hausse

Statistique Canada a précisé mercredi que la moyenne des trois mesures de l’inflation de base s’était établie à 2,3 % en mai, contre 2,1 % en avril. Ces mesures sont considérées comme de meilleurs indicateurs des pressions sous-jacentes sur les prix et sont étroitement étudiées par la Banque du Canada.

La lecture de l’inflation de base pour le mois de mai était la plus élevée depuis avril 2009.

Le directeur des taux canadiens à la Banque de Montréal, Benjamin Reitzes, a fait valoir dans une note que même s’il était trop tôt pour déterminer si la plus forte inflation était là pour rester, sa vigueur persistante pourrait rendre la banque centrale un peu moins à l’aise avec sa politique monétaire accommodante.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a déjà indiqué que la banque centrale avait l’intention de maintenir son taux directeur à 0,25 % jusqu’à ce que l’économie se redresse et que l’inflation revienne durablement à son objectif, ce qui devrait se produire dans la seconde moitié de 2022.

Les coûts de remplacement par le propriétaire, qui comprennent les prix des logements neufs, ont augmenté de 11,3 % d’une année à l’autre en mai, ce qui était leur plus forte augmentation depuis 1987. Selon Statistique Canada, les prix ont augmenté pendant 16 mois consécutifs, alors que les acheteurs recherchent des maisons plus grandes et que les coûts des matériaux de construction ont augmenté.

Les prix des biens durables comme les véhicules ont augmenté de 4,4 % en mai par rapport à leurs niveaux de mai 2020, ce qui, selon l’agence fédérale, s’est produit dans un contexte de faibles taux d’intérêt et de confiance croissante des consommateurs.